Les quelques jours de session vécus avec notre évêque et soixante confrères, à Créhen, m’aident à mieux saisir ce paradoxe ainsi douloureusement exprimé. Cette situation laisse entrevoir comment nous essayons de vivre au mieux la complémentarité, là où nous sommes, quelles que soient nos missions. Pour une meilleure approche, retenons la remarque de Jean Vannier : « vivre la différence comme une richesse et non pas comme une menace ! »
Puisque notre temps du Carême nous propose un moment de lucidité sur ce que nous cherchons à vivre, voici un point sensible nous concernant tous qui mérite attention, réflexion et conversion. Il s’agit bien , en l’occurrence, de trouver le bon mode d’emploi pour déceler les talents des autres qui n’attendent souvent qu’un appel de notre part pour se déployer au bénéfice de la famille, de la paroisse, de l’équipe ou de l’association auxquelles nous appartenons.
A vouloir à tout prix transformer l’autre (conjoint, enfants, paroissiens…), le « convertir » à nos idées, c’est prendre le risque d’empiéter sur sa liberté ; c’est comme nier son originalité, méconnaître ses virtualités. En cherchant à toujours lui imposer ce qui me paraît être le meilleur pour lui, nous risquons de ne plus le rejoindre dans sa personnalité et dans sa vérité, en nous imaginant bien naïvement que nous savons mieux que lui ce dont il a besoin, ce qui lui convient le mieux.
A notre mesure, le vrai remède, en renonçant délibérément à toute « mainmise » sur l’autre, ne serait-ce pas de regarder l’attitude de Jésus ? Il avait l’art de rencontrer les personnes. Il savait vivre intensément chaque rencontre, respectant toujours les différences. Il savait prendre en compte les pauvretés de chacun tout en s’ingéniant à déceler en tous la petite perle d’amour qu’il possédait. Voilà une bonne piste à poursuivre avec Jésus pour rendre plus fécond notre riche aventure du carême !
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