Le visage est le lieu de la communication immédiate. Ce par quoi chacun de nous entre en relation avec l’autre avant même d’avoir prononcé un mot. Chaque visage a ses propres caractéristiques. Visage qui attire ou repousse. Visage marqué de souffrance ou de détresse. Visage paisible ou torturé. Visage déformé par la maladie ou le handicap et dont nous nous détournons parfois. Visage que nous jugeons du premier regard parce que « sa tête ne nous revient pas ». Montrer son visage n’est pas toujours facile, ce visage qui parle parfois plus que les mots. Autrement dit, prendre le risque de se rendre vulnérable, laisser voir ce qu’on a d’unique… et permettre que la rencontre ait lieu, que l’essentiel se joue… ou parfois ne se joue pas si les préjugés sont trop lourds.
Visage du nouveau-né ou du supplicié
Et Dieu… Depuis toujours les hommes ont désiré voir son visage. La réponse de Dieu à cette demande fut son Christ. Il s’est montré à nous dans le visage paisible du nouveau-né… et dans le visage torturé du supplicié. Ces visages de Dieu rejoignent chacun dans ce qu’il vit. Dieu, c’est aussi le visage de chacun d’entre nous car « j’étais malade, prisonnier, affamé, assoiffé, rejeté… et vous êtes venus à moi ». La liturgie de ce dimanche de la santé s’appuie sur le passage du Lévitique nous rappelant qu’autrefois la lèpre excluait définitivement de la communauté, au point d’imposer au lépreux de dissimuler son visage. Son humanité était bafouée. Il était réduit à n’être qu’un impur. Aujourd’hui, nous ne sommes pas sortis de cet archaïsme. Nous éprouvons souvent une difficulté, une gêne avant d’oser la rencontre du regard de la personne malade ou handicapée. Quand le corps est touché, c’est le visage qui semble défiguré.
A la rencontre de nos frères
Jésus guérit le lépreux pour dévoiler son visage, lui rendre une figure humaine et ôter tout ce qui peut faire obstacle et écran à la rencontre de l’autre. Nous ne pouvons découvrir vraiment Dieu que si nous allons à la rencontre de chacun de nos frères en humanité, à commencer par les plus souffrants, les plus fragiles d’entre nous. Le visage de Dieu ne se révèle qu’à travers la variation infinie des visages des hommes et des femmes. Chaque visage rencontré nous délivre une Parole, nous livre une part du mystère. Il nous reste à regarder autour de nous et à « envisager » nos frères et sœurs. Les textes de ce dimanche de la santé s’adressent à nous tous. Peut-on se laisser travailler par ces textes, partager les réflexions qu’ils suscitent en nous et peut être à la fois oser montrer son visage ou changer de regard sur certains que nous croisons presque sans les voir ?