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Homélie du dimanche 27 février 2022 à Saint-Quay-Portrieux

Homélie du 26 et 27 février 2022 – Année C 

 8ème dimanche ordinaire Lc6,39-45 et Si27,4-7

 

« Ce que dit la bouche, c’est qui déborde du cœur ! »

 

C’est cette dernière parole de l’évangile qui retient mon attention pour ce dimanche. Nos paroles peuvent à être à double tranchant. Nos paroles sont une force de mort et une force de vie. Nous pourrions dire, comme dans la chanson de Dalida, ceci n’est que « des paroles, des paroles » comme si elles n’étaient que du vent. Mais tout notre corps peut être aussi langage : un silence, un geste, un regard, sont aussi paroles et paroles vivantes.

Or, qu’est-ce que vient nous enseigner aujourd’hui Jésus sur la profondeur de l’être humain ?

Que l’être humain est capable du meilleur et des pires atrocités. Que l’être humain ne peut donner de bons fruits que dans la mesure où il se laisse évangéliser par la Parole de Dieu, que dans la mesure où il refuse de n’être pas le centre de sa vie et du tout de toute vie. Que l’être humain, animé de l’Esprit, se doit de se laisser convertir, et d’abord convertir le cœur qui est le centre de tous les sentiments, de toute notre affectivité, de notre combat entre le bien et le mal.

Dans quelques jours, nous allons entrer en carême et lors du rite de l’imposition des cendres nous entendrons cette Parole : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ». Une parole en l’air ? Peut-être ? Mais une parole qui souligne l’épaisseur de la faiblesse humaine où Dieu nous invite à lâcher-prise pour nous laisser retourner de l’intérieur, pour venir nous visiter au cœur de notre faiblesse, de notre pauvreté, de notre fragilité humaine …

Nous pouvons nous sentir impuissants face à la guerre et le bruit des bottes militaires qui sont à notre porte. Mais la paix est l’affaire de tous. Elle commence à notre niveau, dans la qualité des relations que nous construisons, tissons, au quotidien, dans une famille, dans un quartier, dans une commune, au sein d’une communauté chrétienne, dans une association, sur notre lieu de vacances, sur notre lieu de travail. Cette paix, fruit de l’Esprit Saint comme nous le rappelle Saint Paul dans sa lettre aux Galates, nous invite à travailler ensemble à l’œuvre de Dieu. Or l’œuvre de Dieu c’est accueillir en nous et autour de nous le Royaume d’amour et de Vie. C’est dans ce sens que nous pouvons entendre l’exhortation de St Paul : « Mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part plus active à l’œuvre de Dieu, car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue. » 

Non ce n’est pas en vain que nous prions pour la paix car « Pour nous les chrétiens, la guerre est toujours un mal. Aussi, parce que nous croyons que l’avènement de la paix n’est pas qu’une affaire de politique étrangère mais aussi une question spirituelle, de « politique intérieure », c’est-à-dire, des hommes et des femmes, pacifiés intérieurement qui pourront en être les ambassadeurs. Le cœur de l’homme est le premier champ de bataille sur lequel s’affrontent la violence et la paix. » (Cf. Dominique Greiner, éditorial La Croix 24/02/22)

Non ce n’est pas en vain que des diplomates et des organisations humanitaires se mobilisent, pour secourir des populations humaines,

Non ce n’est pas en vain que nous devons défendre et soutenir le modèle démocratique, notamment sur notre territoire,

Non, ce n’est pas en vain que nous devons lutter contre toutes les formes d’extrémisme et de totalitarisme, qui amènent à l’esclavage et à la manipulation de tout être humain,

Non ce n’est pas en vain de dénoncer les fausses informations,

Non ce n’est pas en vain de faire la vérité sur la réalité,

Non ce n’est pas en vain de soutenir et d’encourager des peuples qui veulent demeurer souverains et rester maître de leur destin, de leur avenir, de leur liberté.

Frères et sœurs,

De tout temps l’être humain a voulu manifester sa volonté de pouvoir et de puissance. En Jésus-Christ, nous avons le modèle par excellence de la non-violence, lui le Prince de la Paix. En Jésus-Christ, mort et ressuscité, qui est venu accomplir la volonté du Père, nous sommes invités à reconnaître que les vrais rapports de force sont inversés : les vainqueurs sont les artisans de paix, de justice et d’amour. Au moment de rendre grâce à Dieu, le Père, dans la prière de l’Eucharistie, pour Celui qui, une fois pour toutes, à donner sa vie pour nous, pour nous enrichir de sa vie divine, prions pour la paix dans nos cœurs, prions pour la paix en Ukraine, prions pour tous les efforts, ici et là-bas, en faveur de la concorde, du respect, de la paix, car « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre » (Si 27,7).

 

Abbé Roland Le Gal (curé).

 

Illustration : Jardinier de Dieu

 

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