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Homélie pour les obsèques d’Annick Louboutin

 

Homélie pour les obsèques d’Annick Louboutin

Luc 10 Le bon Samaritain (15è dim. ordinaire C)

 

Frères et sœurs,
Chers amis,
Cher Pierre, Ronan, Marine, Hélène…

Nous venons d’entendre un extrait de l’évangile selon St Luc. Saint Luc était d’abord un médecin et, par son évangile, il nous a transmis le témoignage d’un Dieu, qui en Jésus-Christ, s’est fait proche de chaque être humain et de toute l’humanité. Il nous révèle un Dieu de proximité, de tendresse, de bonté, de miséricorde.

Mardi 18 octobre en la fête de Saint Luc, patron des soignants, lorsque nous avons célébré avec Annick et à sa demande, le sacrement de l’onction des malades, nous avons déjà entendu cette page d’évangile. Annick a même affirmé : « c’est toute ma vie. Donner et recevoir, prendre soin des autres. Et j’aimais cela ». Dans le dialogue de Jésus avec le docteur de la Loi, la question centrale est : Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?

La réponse nous la connaissons : Aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même.

Mais qui est mon prochain ?

Dans la parabole que Jésus emploie pour répondre à la question de son interlocuteur, il fait comprendre que le prochain ne se choisit pas. Il nous est donné. Il est celui dont je m’approche à chaque instant, en fonction des évènements de l’existence. Il est celui aussi que je peux ignorer, que je ne veux pas voir, ou pour lequel je manifeste une réelle indifférence.

Or, Annick tout au long de sa vie a été comme programmée pour prendre soin des siens et des autres. Prendre soin de ses parents, et notamment de toi, Hélène sa maman comme tu as pris soin de tes filles dans les premières années de leurs vies. Prendre soin de toi, Jocelyne, sa sœur. Prendre soin de toi Pierre, durant ces 25 années de vie commune, engagée dans le mariage et célébré le 02 août. Prendre soin de vous, Ronan et Marine, ses enfants, dont elle disait à l’approche de l’agonie : « Je suis fier de vous, mes enfants ! ». Prendre soin de vous ses neveux et nièces.

Prendre soin des personnes malades qu’elle a accompagnées d’abord à l’hôpital de Vannes puis depuis février 1999 au Centre hospitalier Le Foll de Saint-Brieuc. Prendre soin de vous ses collègues de travail, par le souci du travail en équipe, par son écoute, son expérience, son attention. Elle était votre aînée mais surtout « votre Ninick… » Prendre soin aussi de vous, ses amis, notamment les groupe de prière qu’elle aimait rejoindre chaque semaine pour louer le Seigneur, laisser l’Esprit rejoindre les cœurs et partager un moment de foi et de fraternité. Voilà, toutes les personnes dont Annick s’est approchées sans oublier toutes les personnes rencontrées dans le quartier, à la paroisse, lors des vacances…

Par son souci permanent de prendre soin des autres – et ceci jusqu’à son dernier souffle- elle a témoigné de l’ADN de ce Dieu de la Vie et de l’Amour, de ce Dieu qui met sur nos routes des témoins de sa bonté, des témoins de sa tendresse, des témoins qui manifestent qu’Il épouse notre condition humaine dans sa fragilité comme dans ses grandeurs.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?

Avant de faire, il s’agit d’être et d’être soi-même. Sur le chemin de Jéricho, c’est celui qu’on n’attend pas qui se fait proche du blessé. Il descend de cheval. Il se dépouille de son armure. Il s’approche et s’agenouille pour prodiguer les premiers soins au blessé. Puis, il le transporte dans une auberge pour que les soins se poursuivent. La vie éternelle s’exprime ici dans ce blessé qui, laissé à moitié mort sur le chemin, se relève peu à peu, grâce à l’aide des autres et passe de la mort à la vie.

Annick dans son combat courageux, lucide, contre la maladie, alors que son corps était peu à peu détruit, rongé par ce crabe qui nous anéantit de l’intérieur, n’a cessé de garder sa foi en la vie. Jusqu’au bout, elle a voulu rester maître de son destin et de son devenir, s’abandonnant peu à peu entre les mains de Dieu le Père et soucieuse du bien-être de ses proches et de tous ceux et celles qui la côtoyaient et la visitaient. « Père, je m’abandonne à Toi… Je remets mon âme entre tes mains… »

Mardi 18 octobre, avec elle, avec vous, dans sa chambre d’hôpital, je vivais l’épreuve de Gethsémani et j’entendais les paroles de Jésus dans son combat avant l’arrestation : « Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36)

Souvent nous nous sommes demandés : « Où va-t-elle puiser cette force ? » Elle l’a sans cesse puisée dans sa foi inébranlable en Jésus-Christ mort et ressuscité, une foi raisonnée qu’elle nourrissait par la lecture de la Parole de Dieu, par sa participation presque quotidienne à l’Eucharistie, par sa méditation du chapelet.

Sa vie a été don c’est-à-dire une offrande d’amour pour tous et chacun : « S’il me manque l’amour je ne suis rien… » (1 Co13). Ainsi, elle avait compris que la vie éternelle n’était pas qu’une affaire au-delà du passage de la mort, mais qu’elle se vivait au présent, chaque jour, dans les pépites d’amour, d’amitié, de tendresse, de bonté, semées dans le cœur de chacun et récoltées dans le cœur des uns et des autres.

Annick a fermé les yeux sur ce monde fragile, éphémère. Nous voulons croire que désormais elle contemple Celui qu’elle a cherché et servi en aimant en actes et en vérité. Elle a rejoint la rive de l’éternité où, nous le croyons, elle retrouve notamment son papa Jean. Annick, mardi soir, remerciait Dieu pour la vie qu’elle avait eu, pour toutes ses années de joies et de bonheur, pour sa famille, pour ses amis, pour les soignants. Maintenant, ajoutait-elle, pour moi, c’est « à la grâce de Dieu ».

Aussi, frères et sœurs, chers amis, en offrant le pain et le vin, signe de nos vies « avec ses joies et ses espoirs, avec ses tristesses et ses angoisses », nous disons Merci à Dieu le Père de nous avoir donnés Jésus son Fils qui a rétabli la connexion entre le ciel et la terre, et nous lui disons Merci pour la vie d’Annick et surtout d’avoir mis sur notre route, Annick, comme témoin de sa tendresse, de sa bonté et de son amour.

Annick, à l’intercession de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, nous te demandons de veiller sur nous et de continuer de nous accompagner de ta présence discrète puisque même si ton corps et ta présence physique ont disparu, nous voulons croire que désormais « tu ne meurs plus mais tu entres dans la Vie qui ne finit pas ».

Abbé Roland Le Gal, curé

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