Carême : 40 jours de cœur à cœur avec Dieu au désert
Le Carême s’ouvre devant nous comme un appel à suivre Jésus dans le désert. Ce chemin de 40 jours, riche d’intériorité, n’est pas une simple période de privations. C’est un temps de transformation, de conversion, et surtout de rencontre avec Dieu.
Dans la Bible, le mot hébreu midbar, qui signifie « désert », désigne bien plus qu’un lieu aride et inhabité. Il est lié à la racine dabar, qui signifie « parler » ou « parole ». Le désert devient ainsi un espace privilégié où Dieu s’adresse à son peuple, renouvelle son alliance et se révèle à ceux qui prennent le temps de l’écouter. Tout au long de l’histoire biblique, le désert a été un lieu où Dieu se manifeste avec puissance : Moïse entend la voix de Dieu dans le buisson ardent (Ex 3,1-4). Le peuple d’Israël, pendant 40 ans dans le désert, fait l’expérience de l’alliance avec Dieu et reçoit la Loi. Élie, après sa marche de 40 jours et 40 nuits jusqu’à l’Horeb, découvre Dieu dans le murmure d’une brise légère (1 R 19,7-9). Enfin, Jésus, après 40 jours de jeûne et de tentation, proclame la force de la parole divine : « L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4).
Le désert est aussi un lieu symbolique. C’est là où nous pouvons rencontrer Dieu dans la prière, que ce soit dans une église, un sanctuaire, un lieu de pèlerinage, ou même au cœur de la nature, loin de l’agitation, pour un tête-à-tête avec Lui. C’est là que nous pouvons l’écouter et lui parler, dans un cœur à cœur authentique.
Mais ce désert n’est pas seulement un lieu extérieur. Il se trouve aussi en nous, dans l’espace intérieur de notre cœur, où Dieu nous attend pour une rencontre intime. Dans un monde bruyant et superficiel, le Carême nous rappelle l’importance de nous retrouver dans « notre pièce la plus retirée » pour prier le Père qui est présent dans le secret (cf. Mt 6,6).
Le Carême est un temps pour transformer notre cœur et l’ajuster à celui du Christ, afin qu’il devienne un véritable lieu de rencontre avec Dieu et qu’il soit tourné vers les autres. Par le jeûne, nous nous dépouillons de ce qui alourdit notre cœur, libérant un espace pour accueillir la présence de Dieu. La prière, en nous mettant à l’écoute de la Parole, façonne notre cœur à l’image du Christ, le rendant plus sensible et capable de miséricorde. Ce cœur ainsi purifié et ajusté par le jeûne et la prière devient alors capable de partage.
Que ce carême soit pour chacun un temps pour ouvrir son cœur, se laisser toucher par la Parole de Dieu, et transformer ses gestes quotidiens en témoignages d’amour.
Bon chemin de Carême, dans la prière, le jeûne et le partage !
Jacques Adi