En équipes, ils préparent et organisent les funérailles
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Rencontre avec quelques membres de ces équipes funérailles.
Sur la Communauté pastorale, l’organisation varie selon les relais. Dès l’annonce d’un décès, les Pompes funèbres contactent le secrétariat du presbytère qui se met en rapport avec le guide et l’équipe de service. Celle-ci prend contact avec la famille pour une rencontre qui permettra de connaître les éléments de la vie du défunt et les souhaits de la famille pour la cérémonie. En parallèle des équipes de funérailles, d’autres personnes se sont proposées pour participer ponctuellement aux cérémonies d’obsèques, aux lectures et aux chants.
L’équipe de service dispose d’un téléphone portable spécifique qui permet au secrétariat d’avertir l’équipe de service d’un décès. Parfois le guide de funérailles assiste à la rencontre entre l’équipe et la famille du défunt. Dans tous les cas, il reçoit, après la rencontre, un document rédigé par l’équipe retraçant les principaux éléments de la vie du défunt.
Les raisons de l’engagement, les motivations
Les raisons de l’engagement varient selon les personnes. C’est parfois à l’occasion d’un décès ou de la rencontre de familles en souffrance que s’opère le déclic. Certains se disent « J’irais bien » mais hésitent. Il faut parfois un élément déclencheur, l’intervention d’une personne pour concrétiser l’engagement. D’autres confient « Je ne suis pas capable, ce n’est pas fait pour moi ». Dans ce cas, il faut savoir attendre, ne pas insister. La personne n’est pas prête et le moment opportun arrivera plus tard.
L’engagement repose sur la disponibilité, sur la volonté de nouer le contact avec des personnes en souffrance. Ce n’est pas donné à tous d’avoir la capacité d’accueillir des familles touchées par le deuil.
Les motivations sont diverses : l’envie de participer à la vie de la paroisse et à la mission de chaque baptisé. D’apporter un message d’espérance aux familles qui sont dans le deuil sans l’avoir désiré. De rappeler l’engagement chrétien en trouvant les mots qui conviennent. De montrer un visage d’Église qui accueille, qui ne juge pas et comprend la souffrance en apportant l’espérance, celle de retrouver un jour ceux qui nous ont quittés.
L’attente des familles
Écouter, aider, organiser : c’est en résumé ce qu’attendent les familles. La cérémonie doit être sereine, digne et bien organisée. Les familles qui viennent à la préparation sont fragilisées par la mort d’un proche, fatiguées et un peu perturbées par toutes les démarches (administratives) à accomplir. Elles attendent d’être écoutées et déchargées des questions matérielles.
« Nous devons leur redonner confiance et écouter leurs souhaits pour la cérémonie tout en respectant le rituel ». Beaucoup ont perdu contact avec l’Église et ne connaissent pas le déroulement d’une cérémonie, le choix des textes et des chants. « Même si les personnes n’attendent pas nécessairement un témoignage chrétien, nous sommes là au nom de la communauté chrétienne pour témoigner de notre foi, de notre mission, afin de cheminer ensemble, y compris avec les non-croyants, dans l’accompagnement du deuil ».
Les familles ont besoin de parler, parfois 2 heures ou plus. Mais, il peut y avoir aussi des silences, voire de la colère. On peut avoir en face de soi des situations particulières. Parfois, c’est le défunt qui a souhaité la cérémonie à l’Église, pas la famille. Généralement, si le dialogue et la confiance s’installent, la rencontre se déroule bien.
L’échange peut devenir intime et dépasser la simple logistique.
Il faut savoir rester simple dans les cérémonies. « Nous avons une fiche sur le déroulement que nous expliquons aux familles. La présence des organistes apporte un soutien important à l’organisation des obsèques, les CD de musique choisis par les proches peuvent venir en complément ».
Adapter les réponses
Selon le décès, (personne jeune ou âgée, croyante ou non …), nous ne pouvons pas avoir le même comportement. Les familles sont souvent sur la réserve, elles se détendent au fur et à mesure et parlent du défunt avec bienveillance. « Nous devons capter leur attention et nous adapter aux circonstances ».
Y-aura-t-il un prêtre ou non ? L’eucharistie ? La participation d’un prêtre à la cérémonie dépend de la disponibilité. Si le défunt est jeune, le prêtre est généralement présent. Ce n’est pas l’équipe qui décide mais la paroisse. En cas de non-disponibilité du prêtre, le guide des funérailles prend le relais.
L’eucharistie nécessite la présence du prêtre. Elle n’est pas obligatoire, l’équipe demande à la famille s’il y aura des personnes à communier et décide avec le prêtre de l’opportunité ou non de l’eucharistie.
Les équipes sont de plus en plus confrontées à des familles éloignées. Parfois, elles arrivent quelques heures seulement avant la cérémonie. Il faut alors assurer la préparation par internet avec un va-et-vient de messages pour le choix des textes et des chants. Généralement, cela se passe bien, même s’il n’y a pas de contact direct avec les familles. « Pour faire face à ces situations, il est important qu’au moins l’un des membres du binôme maîtrise bien internet et la transmission de documents. A l’avenir, nous serons davantage confrontés à cette situation ».
Des échanges très riches
Tous les membres des équipes soulignent la richesse des échanges, tant sur le plan humain que spirituel, si l’on arrive à installer un climat de confiance pour que les familles s’expriment sans contrainte. « C’est l’accomplissement d’un acte de solidarité vis à vis de nos frères, une réflexion sur la vie, la maladie, la mort (encore tabou pour beaucoup) ».
« Cela m’apporte beaucoup plus que je ne donne »….. « Je me sens toute petite quand je découvre les grandes souffrances que peuvent vivre certains »…. « On rencontre parfois des personnes qui regrettent d’avoir vécu leur vie à toute vitesse et d’être passé à côté de l’essentiel ». Les échanges peuvent remettre en cause la façon de vivre sa foi et d’agir. «
Quand quelqu’un me dit « Qu’ai-je fais de ma vie ? », je me pose beaucoup de questions.
C’est l’occasion pour certains de nourrir leur foi, de participer à la mission de baptisé, dans une Église miséricordieuse et écoutante. « Pour moi, c’est un apprentissage de la patience, de l’humilité, un sentiment de paix intérieure », ajoute un autre membre.
Le soutien du groupe
Les membres des équipes funérailles se retrouvent pour échanger, se former, méditer, enrichir les expériences. « Face à la charge émotionnelle qu’apportent les rencontres avec les familles, le groupe représente un appui, une solidarité, un soutien dans un climat de confiance ». Dans le respect de chacun et l’amitié, le groupe peut aussi apporter de la motivation, il montre la volonté collective d’accompagner les familles dans le deuil. « Nous avons le sentiment de faire équipe ».
La nécessité d’accueillir de nouveaux membres
Comme dans la plupart des services d’Église, il est nécessaire d’étoffer les équipes afin d’étaler davantage la charge des membres actuels. Ce qui peut motiver dans un premier temps, c’est le côté humain et la volonté d’accompagner ses frères dans le deuil. Il faut disposer d’un peu de temps, pouvoir se libérer en cas de besoin durant la semaine de service, ressentir le besoin d’être en contact avec des personnes et surtout mûrir son engagement.
« Venez voir, venez essayer », c’est le message unanime qu’adressent les équipes aux futurs membres. « Venez tels que vous êtes. Au contact des autres, avec un peu de formation, vous sentirez en vous un élan pour aider les frères et soeurs qui sont dans la souffrance, par la perte d’un être cher ».
Guides de la prière
Sur nos paroisses 8 guides de la prière accompagnent les familles. Mgr Moutel dans sa lettre d’envoi a défini leur mission :
Je vous envoie en mission pour que vous apportiez à vos frères « la consolation de la foi et le réconfort dont l’Eglise veut entourer ceux qui sont dans l’épreuve » …
Je vous envoie pour qu’à travers les gestes et les paroles de la liturgie vous témoigniez de votre espérance dans la vie éternelle. En tenant compte de l’histoire des personnes et des familles, de leur culture, de leur chemin spirituel, vous enracinerez cette espérance dans la vie du Christ.
Les guides de la prière sont :
Paroisse Notre-Dame de la Mer : M. Pierre Louboutin – M. Jean-Paul Batard – Mme Jocelyne Léchelard – Mme Françoise Michel.
Paroisse Étables-sur-Mer : M. Pierre Le Lay – M. Pierre Couffon – Sœur Marie Courtin – M. Amaury Salliou