Anne-Thérèse Guérin devenue Sainte Mère Théodore
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Dans le cadre de la semaine missionnaire, Michelle Brieuc, auteure-conférencière, a donné à la maison Saint-Yves une conférence sur la vie de notre compatriote Sainte Mère Théodore le jeudi 21 octobre à 18h00.
Une bonne vingtaine de personnes, dont près de la moitié de notre paroisse, a, pendant plus d’une heure, plongé dans la vie de cette femme d’exception. Née à Étables le 2 octobre 1798 dans une période tourmentée, Anne-Thérèse Guérin va y rester jusqu’en 1823 avec ses parents, sa sœur Marie-Thérèse et ses deux frères Jean-Laurent et Laurent qui mourront très jeunes (3 ans 1/12 et 2 ans 1/2). Sa mère Elizabeth Lefèvre de santé très fragile sera affectée à la suite du décès de son mari, officier-marinier dans la marine napoléonienne, lors d’un retour au pays en 1814 pour une permission.
Anne-Thérèse pensait depuis longtemps à la vie religieuse mais vu le refus de sa mère, les circonstances puis l’état de santé précaire de sa mère, elle dut attendre l’âge de 25 ans pour entrer en religion à Ruillé-sur-Loir chez les religieuses de la Providence (jeune congrégation fondée par l’abbé Dujarié en 1806 avec le concours de Melle Zoé Rolland du Roscoät de Pléhédel).
Après son noviciat, Sœur Théodore (don de Dieu), éducatrice hors-paire, fut nommée à Rennes puis à Soulaines (Maine-et-Loire) où elle sut mettre talents et compétences au service des jeunes, des malades et des plus démunis tout en s’efforçant de témoigner de la bonté du Père dans la simplicité de l’Evangile.
En 1839, un appel arrive à la maison-mère de Ruillé-sur-Loir, Mère Marie Lecor, de Bréhat (1793-1873), alors supérieure générale partage avec son conseil cette demande de Monseigneur de la Hailandière, évêque de Vincennes (USA). Il fallait trouver « une sœur capable, pleine de zèle pour le Seigneur mais aussi prudente, remplie de l’esprit de la congrégation avec un grand amour pour les âmes ». En 1840, âgée de 42 ans, elle partira avec cinq autres religieuses et novices (Sr St-Vincent, Basilide, St-Liguori, Marie-Xavier et Olympiade). Après plus de trois mois de voyage dont 40 jours en bateau sur le Cincinnati, elles poseront le pied le 22 octobre 1840 à St Mary-of-the-Woods (Indiana) . Accueillies par la famille Thralls, elles occuperont une partie d’une baraque en bois. Dès 1841, elles ouvrent leur première classe pour les filles. C’est le temps des épreuves qui s’ouvre à nos religieuses : hostilité des habitants, incendie criminel en 1842, problème de la langue et différends avec l’évêque voulant exercer un contrôle total sur la vie de la jeune communauté. Devant ces événements, Mère Théodore revient en France en 1843 pour demander de l’aide. Elle en trouvera auprès de la reine de France Marie-Amélie femme de Louis-Philippe. Dès son retour en Indiana, le soutien de ses consœurs lui procure la force nécessaire pour poursuivre son œuvre malgré les problèmes de santé qu’elle connaît depuis son noviciat. Cette femme d’affaires avisée, généreuse et aimée de tous ne cesse d’agrandir le site de Sainte-Marie-des-Bois avec la construction d’une pharmacie, de l’église de L’Immaculée Conception…
En 1856, le 14 mai, âgée de 58 ans après plus de 15 années sur la terre américaine, elle rejoindra la maison du Père. Sur sa tombe on peut y lire en anglais « Je dors mais mon cœur veille sur cette maison que j’ai construite ». A sa mort on compte : 20 postulantes, 12 novices et 80 religieuses réparties dans 15 établissements.
Dès les années 1950, sa cause est introduite à Rome. Chez nous à Etables-sur-mer dès 1990 des bénévoles commencent à nettoyer les ruines de la maison natale. Le 11 juillet 1992 Mère Théodore est déclarée Vénérable puis le 25 octobre le Pape Jean-Paul II la déclare Bienheureuse et enfin 1e 15 octobre 2006 le Pape Benoît XVI la déclare Sainte. Deux guérisons miraculeuses seront reconnues par l’Église : en 1908 Sœur Mary Théodosia et en 2002 Philipp Mc Cord.
Des statues ont depuis été érigées :
En 1998 statue réalisée par Guy Pavec en l’église d’Etables-sur-mer,
En 2008 statue réalisée par Teresa Clark à Washington bénie par Monseigneur Pietro Sambi
En 2009 statue de Sainte Mère Théodore avec des enfants à Sainte Marie-des-Bois
En 2017 statue en bronze (copie de celle de 2008) érigée à Ruillé-sur-Loir.
Cette femme profondément humaine, modèle d’obéissance nous a laissé une correspondance très riche. Elle a tout fait pour que les gens aiment Dieu. Ce fut la 8e personne à être canonisée en Amérique du Nord, dont la 1re en Indiana.
A Pordic, la dernière communauté du secteur a fermé ses portes en octobre 2020 et notre paroisse est aujourd’hui dans l’attente d’accueillir un nouvelle communauté.
A l’issue de la conférence, le chant à Sainte Mère Théodore a résonné dans la Maison Saint-Yves. A quand, peut-être, un pèlerinage diocésain en Indiana ? Affaire à suivre …
Patrice Chauvel