Le Carême, source de vie plus intérieure
Partager, jeûner, prier « dans le secret » ! Telle est la recommandation du tout premier évangile du carême, le mercredi des Cendres. Il s’agit de vivre de l’intérieur le triple rapport à Dieu (prier), aux autres (partager) et à soi-même (jeûner) ; et pour cela, placer chaque rapport sous le regard bienveillant de Dieu puisque « ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 4.6.18).
Au fil des jours, la vie nous apprend à nous réajuster. En ce mois de mars, cela fera deux ans qu’une bonne partie de l’humanité a été mise sous cloche pendant des mois et de façon répétée. La gestion de cette crise sanitaire par les autorités tant politiques que religieuses a créé des débats, des positions et des mouvements ici en France et aussi un peu partout. Aujourd’hui, nous n’attendons que de voir le bout du tunnel. Mais pour qui sait pêcher en eau trouble, il aurait déjà bien profité de ce temps pour se construire une vie plus intérieure, plus à l’essentiel, purifiée du superflu.
Mais la vie intérieure n’est nullement un choix de replis sur soi, d’égocentrisme. C’est plutôt une ouverture qui commence de l’intérieur : « rentre dans ta chambre » (Mt 6,6). C’est là qu’on prend force et racine afin de pouvoir s’affermir et s’offrir de façon féconde aux autres.
Chaque étape importante de la vie, chaque événement peut être pour nous des occasions de relecture, de relance et d’action de grâce. Et donc ces quarante jours qui nous sont offerts sont comme des moments favorables pour une vie à la fois plus intérieure et plus féconde, une vie plus ajustée. On entend souvent des gens prendre des résolutions concrètes : « Pendant le carême, je ne prendrai pas d’alcool ou beaucoup moins … Je ne fumerai plus de cigarettes, encore moins de drogue … Je prendrai un peu plus de distance avec mon portable, les écrans … » D’autres s’engagent : « J’essaierai d’aller à la messe tous les dimanches au moins … Je vais ressortir la Bible qu’on m’avait donnée à mon baptême … Je vais prendre un petit temps de méditation chaque jour … Je vais reprendre ma vie de prière seule ou avec ma famille … » Ou encore : « Je vais être plus attentif aux gens de ma maison … J’accorderai plus d’attention aux voisins, aux collègues de classe ou de travail … Je ferai désormais moins de bruits … Je parlerai moins du mal des autres … » Autant de domaines et de lieux où nous pouvons faire de ces grands et beaux efforts pour aller à l’essentiel et ne pas laisser sans effet ce temps de grâce qui nous est donné.
Parce que le Carême, c’est vraiment le temps favorable, c’est le moment du salut !
Damien AYOLA