Promesse & Accomplissement
Chronique Biblique Avril 2022
A Jérusalem,
Six jours avant la Pâque (Jn 11,55-12,11)
« Jésus viendra-t-il en pèlerinage à Jérusalem pour la fête de la Pâque ? »
C’est la question que se posaient beaucoup de Judéens alors que la fête de Pessah – la Pâque juive – était proche (Jn 11,55 et s). Les autorités juives, en effet, resserraient leur étau autour de Jésus, donnant même des ordres : « si quelqu’un savait où il était, il devait le dénoncer afin que l’on se saisisse de lui » ! (Jn 11,57).
D’un côté, on voit la foule qui cherche Jésus pour l’écouter et le suivre, d’un autre, les autorités religieuses qui veulent l’éliminer, surtout depuis que Jésus a rendu la vie à son ami Lazare alors qu’il était mort, « depuis 4 jours », précise Jean dans son Évangile.
C’est dans ce climat très tendu que Jésus se rend à Jérusalem.
Il s’arrête à Béthanie, ce village à l’est du Mont des Oliviers, où demeurent ses chers amis, Lazare et ses deux sœurs Marthe et Marie.
C’était six jours avant la Pâque.
Marthe organise un grand dîner en l’honneur de Jésus.
Lazare « se trouve parmi les convives ». Il y a aussi Juda, seul nommé au sein des disciples.
Au dehors, la foule attend et les ennemis de Jésus le guettent.
A l’intérieur, c’est encore la fête, la joie du repas, repas chargé d’un symbolisme ancestral, porteur de l’Alliance entre Dieu et son peuple.
Marthe « servait ». L’Evangéliste Jean le précise à bon escient : Marthe sert en maîtresse de maison accomplie, avec le charisme de celles qui, au sein même des tâches matérielles, servent leur Seigneur comme investie d’un ministère de diaconie (service).
Mais voilà que la belle ordonnance du repas est rompue.
Marie se lève et prenant « une livre d’un parfum de nard pur de grand prix,
Oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux » (Jn 12,3).
Mais au geste plein d’amour de Marie, Juda, celui là même qui allait livrer Jésus, réagit vivement, quel gaspillage !
Jésus dit à Juda :
« Laisse-la ! – Elle observe cet usage pour mon ensevelissement ».
Marie, c’est l’amour pur, sans comptabilité, le parfum à profusion « qui emplit toute la maison », alors que Juda compte les deniers qu’on aurait pu en tirer. Mais pour que faire ? Les donner aux pauvres ? (comme il le dit lui-même !). Mais le véritable « pauvre », n’est-il pas Jésus qu’il faut entourer d’amour aujourd’hui même. Sa Pâque est proche, le dur passage dans la souffrance et la mort, et l’ensevelissement prophétisé.
En filigrane de ce beau texte que nous appelons « Onction à Béthanie », c’est déjà l’annonce de la VICTOIRE DE LA VIE SUR LA MORT :
La joie du repas, le symbolisme du festin des noces messianiques, le parfum d’amour (allusion au Cantique des Cantiques 1,12).
Le 6ème jour marquait l’attente d’un accomplissement (c’est le sens du chiffre 6),
Le 8ème Jour sera le Jour du Ressuscité ! Alleluia !
Marie Aimée ROUAUX