Vendredi Saint à Pordic le 15 avril 2022
Le Vendredi saint est la commémoration religieuse célébrée par les chrétiens le vendredi précédant le dimanche de Pâques. Il marque le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus-Christ. Il fait partie du triduum pascal, qui s’étend du Jeudi saint aux vêpres du dimanche de Pâques.
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Homélie de l’abbé Roland Le Gal (curé) pour le Vendredi Saint 15 avril 2022
Paroisse N.D de la Mer – église de Pordic –
« D’où es-tu ? » Jn 19
C’est la question que Pilate pose à Jésus à un moment déterminant de son existence. Voici qu’au moment où Jésus se trouve devant Pilate, au cœur de ce dialogue entre un chef militaire représentant l’empereur romain et la puissance par la force et un homme simple de Galilée, sans arme, sans armée, sans autre puissance que celle de son Père, et l’invitation à aimer Dieu et aimer son prochain, la question qui naît au cœur de ce dialogue est la question de son origine : d’où es-tu ?
Pourquoi cette question vient à l’esprit de Pilate ? Pourquoi est-il traversé par cette question au moment où il se trouve face un homme que tous rejettent, dont ils souhaitent la mort, dont ils désirent l’expulser une fois pour toutes de leur monde, de leur peuple ? Peut-être parce que Pilate est renvoyé à sa propre identité : Quel homme suis-je ?
Cette question : « D’où es-tu ? » est aussi la question que Dieu nous adresse ce soir en contemplant le Crucifié, en méditant la Passion de son Fils.
Chacun de nous est limité dans le temps et dans l’espace.
Chacun de nous doit accepter d’être vulnérable et de vivre avec ses propres fragilités et ses propres qualités.
Mais, comme chrétien, comme croyant, nous devons toujours nous tourner, dans la joie comme dans la détresse, vers celui qui est l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin de toute existence humaine : Dieu, le Père de Jésus le Christ. Grâce à son Esprit, ce souffle de vie que Jésus répand sur l’humanité au moment d’expirer, nous sommes tous et toutes destinées à accueillir notre origine et notre identité d’un autre : à savoir de ce Dieu Créateur qui, par sa Parole, Parole faite chair, Parole crucifiée, Parole transpercée, Parole libérée du matin de Pâques, nous renouvelle sans cesse et permet de vivre chaque jour comme une nouvelle naissance, comme un commencement.
Dans un monde en pleine mutation, où les différentes opinions pourraient valoir force de loi, où la loi du plus fort voudrait dominer notamment par le populisme, la surenchère des armes et le fanatisme religieux, il est bon de se rappeler que Celui qui donne sens et orientation à notre vie, c’est Celui qui « s’est fait obéissant jusqu’à la mort de la Croix » en se dépouillant de tout, pour nous enrichir de sa vie d’amour et de paix et nous reconnecter à cette origine qui est le Créateur. Comme le disait mercredi le pape François lors de l’audience : « Le monde croit obtenir la paix en l’imposant par la violence, tandis que la paix de Jésus «ne domine pas les autres, elle n’est jamais une paix armée, jamais ! ». Elle « s’obtient par la croix : en prenant sur lui notre mal, notre péché et notre mort, il nous libère » … (Mercredi 12 avril 2022) En contemplant le Crucifié du Golgotha, nous contemplons notre identité de personne fragile, vulnérable, mais qui reconnaît, avec l’apôtre Paul, que c’est au moment où tout semble perdu, anéanti, qu’un espoir peut naître parce que « c’est au moment où je me sens le plus faible que je deviens le plus fort. »
Que Marie, celle qui se tient debout au pied de la croix de son Fils, celle qui est transpercée dans son cœur de mère, celle qui est soutenue par St Jean, nous apprenne à choisir le chemin de l’humilité, de la consolation et de la miséricorde, parce que Dieu ne cesse « de renverser les puissants de leurs trônes et d’élever les humbles » Lc1.
Voir aussi méditation du Vendredi Saint par sœur Agnès Stephan – Filles du Saint Esprit –