Homélie de la Veillée Pascale et du dimanche de Pâques – Année C – Lc 24 – 16 et 17 avril 2022

Homélie de la Veillée Pascale et du dimanche de Pâques

Pordic et Saint-Quay-Portrieux (avec un baptême)

Frères et sœurs,

Quand notre corps est fatigué par le poids des ans, par la maladie, par la vie, par les soucis, il est fréquent qu’il se penche vers le sol, vers la terre, et manifeste sa difficulté à relever la tête, à redresser la tête et à regarder vers l’avenir.

Saint Luc nous dit dans l’évangile que nous venons d’entendre que lorsque les femmes arrivent au tombeau, elles sont « saisies de crainte et elles gardaient le visage incliné vers le sol. » (Lc24)

C’est normal, pourriez-vous me rétorquer. Elles sont venues pour prendre soin du corps de Jésus, du corps du Crucifié, et là, dans le tombeau, – Ô Surprise – elles se font face au vide, à l’incompréhension. Le texte nous dit : « Elles étaient désemparées. »

Pour qu’elles puissent passer de l’attitude de la tête baissée à l’attitude du redressement, du relèvement et donc de l’Espérance, elles doivent entendre une Parole qui vient de l’extérieur, mais qui est une Parole de Vie, de Joie et qui leur permettra de reprendre la route de la vie. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. »

Et alors, elles deviennent les premières témoins de la Résurrection. Celles qui ont vocation à porter et donner la vie, deviennent les témoins que Jésus-Christ est le Vivant, celui qui fait que notre vie, même si elle reste marquée par la fragilité, par la faiblesse, par la souffrance et par la mort, est une vie destinée à une vie qui ne finit pas dans le cœur de Dieu.

Dans le tombeau, elles sont passées, avec le Christ, de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, du désespoir à l’espérance. Ainsi, comme la mission d’une Bonne Nouvelle n’attend pas, elles deviennent les premières disciples-missionnaires d’une grande lignée, en commençant par les Apôtres. C’est alors, Pierre, avec lui tout le peuple de Dieu, qui devra faire l’expérience du doute à la foi, de la foi au témoignage.

C’est à cette vie de confiance et d’espérance que nous sommes appelés en continuant notre pèlerinage sur la terre et en mettant nos pas dans ceux du Ressuscité. C’est à cette vie de confiance et d’espérance que sont appelés les hommes, les femmes, les jeunes et les enfants, qui cheminent vers le baptême. C’est à cette renaissance avec le Christ qu’Ella est appelée aujourd’hui quand ses parents la présentent à la communauté chrétienne et demandent qu’elle soit plongée dans la mort/résurrection du Christ pour que toute sa vie soit tournée vers ce qui est à découvrir, à accueillir, à donner, à aimer, pour qu’elle ne cesse de vivre les passages de l’existence avec confiance.

C’est à cette vie de nouveauté et de création nouvelle que nos communautés paroissiales sont conviées pour que nous acceptions de mourir à ce qui a vécu et qui a été pertinent à une époque donnée, pour ouvrir de nouveaux chemins missionnaires et naître à une nouvelle façon d’être chrétien dans le monde d’aujourd’hui. C’est le message que nous, prêtres, nous vous avons adressé le jeudi saint dans la lettre aux baptisés en écrivant notamment : « Aujourd’hui, nous sommes appelés à un changement salutaire pour nos communautés chrétiennes. Ce passage que nous pressentons nécessaire, nous ne pourrons pas l’envisager sans vous. L’Esprit Saint nous convoque à la liberté pour prendre chacun notre part à l’unique mission de l’Eglise, dans la simplicité d’une fraternité vécue en vérité. » (Lettre aux baptisés 14/04/2022)

Oui, frères et sœurs, même si le quotidien nous semble pesant, même si l’avenir nous semble incertain, osons, comme les femmes de Galilée, redressez la tête vers le Christ, Ressuscité, qui nous illumine de sa présence (Cierge Pascal), qui nous nourrit de sa Parole et de son Corps livré, qui nous convie à la fraternité et ne cesse de nous montrer le chemin pour passer de la mort à la vie, lui, le Vivant du matin de Pâques. Alléluia.  Amen

Roland Le Gal (curé)