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Prendre le temps d’écouter et de servir

Un séjour à l’hôpital est souvent synonyme d’interrogations, de doutes, de souffrances. Les aumôniers d’hôpitaux et les bénévoles qui les aident sont le visage de l’Église auprès des malades et des personnes âgées.
Rencontre avec Gratiane LOUVET.

Gratiane, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Gratiane Louvet, je suis mariée et mère d’un garçon. Je suis responsable diocésaine des aumôneries d’hôpitaux (mi-temps) et aumônière de l’Hôpital Privé de Plérin (1/4 temps). Après une formation en école de management, j’ai travaillé en entreprise puis pour l’association « Le Rocher Oasis des Cités ». J’ai suivi mon mari au Québec puis nous nous sommes installés en Bretagne. Quand j’étais étudiante et jeune professionnelle, j’ai eu beaucoup d’engagements, notamment dans l’association « A bras Ouverts » qui s’occupe de jeunes en situation de handicap.

Quelle était votre motivation pour devenir aumônière d’hôpital ?

Je voulais servir l’Église et annoncer l’Évangile. J’apprécie d’être en mission dans la société civile et en dialogue avec elle. J’avais à cœur de soutenir les personnes en souffrance.

La mission de l’aumônier est de proposer à chaque patient, une visite, une écoute, et pour ceux qui le demandent un accompagnement spirituel. L’essentiel, c’est l’écoute, la présence fraternelle. Aumôniers et bénévoles, nous sommes une présence d’Église qui s’adapte à chaque situation. Si le patient n’est pas intéressé, je respecte son choix et je poursuis mes visites.

Comment est organisée l’aumônerie au niveau diocésain ?

Il y a d’abord une distinction entre hôpital public et établissement privé. Depuis la loi de 1905, l’État ne salarie aucun culte sauf dans les lycées, les prisons et les hôpitaux. Un hôpital public a l’obligation d’avoir une aumônerie. Dans le privé, il n’y a pas d’obligation, c’est un choix de l’établissement. Issu de la fusion des cliniques, l’Hôpital privé de Plérin a mis en place un espace spirituel et une aumônerie. Globalement sur le diocèse, nous avons 18 aumôniers.

La fonction d’aumônier a évolué. Aujourd’hui, les personnes ont une pratique de foi différente, moins ritualisée. La spiritualité revêt des formes variées. L’aumônier doit être très ouvert, prêt à tout entendre, il doit savoir s’adapter. Certains patients sont demandeurs de rites, d’autres souhaitent la présence d’un prêtre ou simplement la lecture du livre de la Parole. Il faut savoir décrypter et comprendre le fond de la demande.

Autre évolution : les aumôniers travaillent davantage en partenariat avec les équipes soignantes. L’action de l’aumônerie est considérée comme complémentaire des autres soins. Les soignants peuvent repérer des besoins spirituels chez les patients et solliciter l’aumônerie pour visiter ceux-ci. 

Comment se déroule une journée d’aumônière ?

Je suis présente à l’hôpital l’après-midi, car les patients sont occupés le matin par la toilette et les soins. Si un bénévole intervient le même jour, nous nous rencontrons à l’espace spirituel de l’hôpital pour une prière. A Plérin, l’équipe compte deux bénévoles: Sœur Yvonne dans le service chirurgie et Pascal qui visite, comme moi, le service oncologie.

L’aumônier ou le bénévole passe par la salle de soins pour se renseigner sur les personnes à visiter puis il se présente dans la chambre des patients pour écouter et échanger. Cela peut durer de quelques minutes à une demi-heure.

Nous nous retrouvons ensuite vers 16 h 30 pour échanger sur ce qui a été vécu et ressenti ainsi que sur les demandes spécifiques des patients. Nous sommes tenus à la confidentialité. Nous terminons par une prière pour les personnes rencontrées.

Pour le moment, deux bénévoles suffisent à assurer les visites en chirurgie et oncologie mais nous pourrions être sollicités par d’autres services : orthopédie, maternité, médecine… et il faudrait alors étoffer l’équipe. C’est en effet un travail d’équipe car c’est ensemble que nous sommes visage de l’Église. L’équipe est un lieu de soutien et d’encouragement mutuel. Certaines situations sont lourdes sur le plan émotionnel, être en équipe aide à les porter.

Cette fonction ne s’improvise pas, la bonne volonté ne suffit pas, il faut se former. Le service diocésain propose des formations à l’écoute et sur d’autres thèmes. Entre janvier et mars, nous organisons une journée de formation par secteur pastoral.

Nos relectures en équipe contribuent aussi à la formation continue.

Les autres cultes sont-ils également présents à l’hôpital ?

Un patient hospitalisé a droit de pratiquer son culte à l’hôpital et ce droit doit être honoré par l’établissement. Pour les cultes autres que catholique, l’hôpital dispose d’une liste de personnes (protestant, juif, musulman) habilitées à rendre visite aux patients.

L’espace spirituel, situé à l’entrée de l’hôpital privé, est multiconfessionnel. C’est un lieu ouvert, accueillant, chaleureux où nous avons déposé un cahier ou chacun peut inscrire ses messages, ses intentions de prière. Je laisse d’ailleurs des petits billets contenant des phrases de la Bible que chacun peut emporter.

Il arrive fréquemment que des personnes accompagnant des patients pour des examens pénètrent dans l’espace spirituel et profitent de ce temps d’attente pour se ressourcer au calme.

Avant les épisodes de Covid, nous avions une messe par mois dans cet espace. Nous n’avons pas encore repris cette pratique. Nous avons organisé un temps de prière avant Noël et nous réfléchissons à remettre en place des temps de prière ou des célébrations.

Comment vous parviennent les demandes de visite ?

Elles peuvent être transmises par un proche, par la famille, par l’équipe soignante. Je participe à la rencontre interdisciplinaire qui réunit chaque semaine, médecins, cadres, infirmières, aides-soignantes, psychologue,… et aumônière pour examiner chaque dossier de patient en soins palliatifs. Je contribue ainsi, à mon niveau, à l’accompagnement du malade dans sa globalité.

Lors de votre visite, comment réagissent les malades ?

Je frappe à la porte, je salue le patient et me présente comme aumônière, j’explique que je visite chacun. Je lui demande comment il se sent tout en dressant toutes mes  « antennes » pour  être à l’écoute  de ce  qui est dit et de ce qui n’est pas dit, sur le plan physique, moral …

Je lui demande ensuite s’il a des sentiments religieux, sa réponse m’aide à me situer. Veut-il que je prie pour lui, que je lui porte la communion, que je sollicite la visite d’un prêtre ? … Beaucoup parlent de leur rapport à l’Église, de leur déception et/ou de leur foi… Je leur propose une image de Notre Dame de Toute Aide avec une prière. La figure de Marie est bien perçue par les patients, c’est une médiatrice.

Très souvent, les patients me disent que cette rencontre leur fait du bien et ils me remercient, notamment les personnes qui ont peu ou pas de visites.

Quels sont les grands enjeux des années qui viennent ?

Nous sommes confrontés à la question de l’accompagnement des personnes en fin de vie. A l’Hôpital Privé, nous avons la chance d’avoir un service de soins palliatifs qui permet la prise en charge globale des personnes de leur douleur physique et/ou psychologique avec un accompagnement humain jusqu’au bout.

Nous sommes également confrontés à la question du soutien des aidants. L’aumônerie est aussi attentive à eux, nous les rencontrons parfois au détour d’un couloir. Je leur demande des nouvelles d’eux-mêmes. Certains aidants sont parfois isolés à domicile et n’ont personne à qui parler.

Avec l’aumônier, le patient peut aborder des sujets qu’il n’ose pas aborder avec ses proches : la mort, la foi, l’angoisse, les obsèques, demander une prière. La présence d’un aumônier libère la pudeur sur les attentes des proches qui n’hésitent pas à demander par exemple l’onction des malades.

Enfin, l’enjeu actuel, c’est le manque de personnel et la pression qui s’exerce sur ceux qui restent. En tant que responsable diocésaine des aumôneries et aumônière, je suis témoin d’un système qui paraît à bout de souffle.

Votre fonction est très prenante. Qu’est-ce qui vous permet de tenir ?

La foi dans le Christ qui nous sauve nous permet de tenir face à la détresse, l’angoisse et la souffrance des personnes. C’est Lui qui nous donne la force de poursuivre notre mission. Nous croyons que l’Esprit Saint nous inspire les mots et les attitudes adaptés à chaque situation. Il est bon aussi avoir un lieu, une équipe, des proches, … pour déposer ce qui est lourd et se ressourcer.

Nous veillons à être bien ancrés dans Celui qui est Fort, Jésus-Christ.

Propos recueillis par Patrick BÉGOS.

En savoir plus : témoignage de Sœur Yvonne MAZÉ (bénévole à la pastorale de la santé)

Toutes les équipes d’aumônerie hospitalière recherchent activement des bénévoles pour visiter les patients/résidents et aider à l’animation des célébrations.

Pastorale de la Santé :
Contact : Responsable Diocésaine des Aumôneries d’Hôpitaux – Gratiane LOUVET – 06 43 03  55 – Mail : rdah@diocese22.fr

 

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