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Vivre sa foi sans être étranger à sa culture

Début janvier, l’abbé François-Xavier AKAKPO, nouveau prêtre coopérateur de la communauté pastorale (du Littoral Ouest), a retrouvé son Togo natal, quatre ans après l’avoir quitté pour effectuer ses études à Rome. Il a séjourné, avec émotion, dans sa famille et participé à l’ordination de son nouvel évêque, à Atakpamé. Il nous raconte ses impressions.

François-Xavier, 5 mois après votre installation comme prêtre coopérateur dans la communauté pastorale Notre-Dame de la Mer/Étables-sur-Mer, quel est votre ressenti ?

Tout d’abord un petit clin d’œil. J’ai été un peu surpris par le climat froid de cet hiver, en Bretagne, totalement différent de celui que j’ai connu à Rome ou en Afrique, mais j’arrive à m’adapter.

Dans la communauté pastorale, la collaboration avec les prêtres, les diacres et les différentes équipes de préparation se passe bien, qu’il s’agisse des célébrations, des funérailles, des baptêmes ou des mariages. Je suis également sensible à la fraternité sincère et aux messages de sympathie que m’ont témoigné les paroissiens.

L’adaptation dans un nouveau pays demande de la patience, du courage, de la confiance, de la sérénité, mais je ne m’ennuie pas. C’est très différent de Rome où j’ai vécu, ces dernières années, pour mes études en arabe et en islamologie.

Avez-vous une mission particulière dans la communauté pastorale ?

Je suis encore en phase de découverte des deux paroisses de la Communauté pastorale d’Étables-sur-Mer et Notre-Dame de la Mer. En plus des fonctions habituelles du prêtre, mes missions sont diverses : contact avec les écoles catholiques de la paroisse d’Étables, visite des personnes âgées, groupe de catéchèse … Tout cela se met en place. Un certain nombre de rôles sont définis mais je ne m’enferme pas dans ces rôles, je suis au service de toutes les personnes de la paroisse. Je suis disponible et j’attends les bras ouverts. Comme le souligne St Paul : « Je suis tout à tous ».

Rencontrer les jeunes est important. Échanger, répondre à leurs interrogations, peut-être dans un cadre convivial comme ce que j’ai observé en Italie dans les « Oratorio ». Il s’agit de centres paroissiaux, dotés de salles de rencontres, de jeux, d’un bar ouvert tous les jours où les jeunes viennent, discutent, posent des questions sans tabou. Ce sera possible, si les jeunes s’en occupent.

Ma préoccupation est le bien spirituel de tous. Pour cela, je souhaite que les paroissiens n’hésitent pas à me poser des questions ou à me faire des remarques fraternelles afin d’accomplir au mieux la mission qui m’a été confiée.

Quatre ans après votre départ du Togo, vous y êtes retourné en janvier dernier. Comment se sont passées ces retrouvailles ?

J’ai été très ému de retrouver Papa (Maman est décédée en 2013) ainsi que mes quatre frères, mes deux sœurs et les cousins, cousines, neveux et nièces. Ces retrouvailles furent effectivement une grande joie pour toute la famille. J’ai également baptisé un neveu. Malheureusement, la semaine où je suis arrivé, j’ai célébré les obsèques d’un oncle et d’une tante décédés fin décembre.

La situation politique et économique du pays n’a pas changé. Le pays est gouverné par un régime dictatorial de père en fils depuis 50 ans. Les Togolais souffrent de cette situation mais n’arrivent pas à l’exprimer. La situation économique du pays n’est pas satisfaisante. L’Église est considérée par le régime comme une opposition, parce qu’elle défend la cause du peuple souffrant.

La vie est très chère et les gens s’en sortent difficilement. J’ai rencontré des personnes qui s’enferment dans la consommation d’alcool parce que la situation est difficile. Malgré les études, les jeunes ne trouvent pas d’emploi. J’ai constaté, qu’au Togo, la vie est plus difficile qu’il y a 4 ans.

Il y a eu des alertes sécuritaires à la frontière entre le Togo et le Burkina Faso. Des terroristes ont attaqué un village du nord du Togo. Cette instabilité aux frontières est un signe alarmant. Nous ne voulons pas vivre ce qui se passe au Mali ou au Burkina. Pour éviter ce piège, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités, notamment au niveau de la jeunesse.

Le Togo est un petit pays de 8 millions d’habitants qui n’arrive pas à donner une vie heureuse à ses habitants malgré ses richesses en fer, en phosphate, en bauxite ou en manganèse.

Sur le plan spirituel, la situation a-t-elle évolué ?

Au niveau spirituel, les chrétiens représentent environ 30 % de la population, les musulmans 20 %. Une bonne majorité de Togolais pratiquent une religion traditionnelle ancestrale. Malgré cette diversité, nous vivons en bonne entente, chacun pratiquant la religion qu’il désire.

Néanmoins, on entend des critiques de la pratique chrétienne de la part des tenants de la religion traditionnelle ancestrale. C’est un signal donné à l’Église du Togo pour mener une réflexion profonde sur l’inculturation (l’attention aux mœurs et aux mentalités pour que les messages soient intelligibles).

Dans les écoles catholiques, on parle de religion. Les prêtres sont également sollicités pour en parler dans les écoles publiques. La grande majorité des enfants ont des informations sur les religions chrétienne et musulmane.

Il n’est pas facile d’associer la culture ancestrale et la foi chrétienne ?

Au Togo, les ancêtres (qui ont bien vécu) sont considérés comme des « saints » qui peuvent être des exemples pour les autres. Certains prêtres en parlent car tout n’est pas négatif dans les pratiques ancestrales.

Certes, il faut éviter de tomber dans le syncrétisme et l’amalgame entre les deux pratiques religieuses. Au contraire, il faut permettre à chacun de vivre sa foi sans être étranger à sa culture. Ce que nous appelons l’inculturation. Pour prendre une comparaison : ici en Bretagne, la représentation de la Vierge Marie et des saints bretons est différente de ce que l’on peut voir par exemple à Paris. Elle est bien enracinée dans la culture bretonne. Une réalité qui rend la pratique de la foi plus facile et compréhensible.

Au Togo, l’objectif est de développer des communautés chrétiennes de base dite CCCB, comme chez les premiers chrétiens, pour le partage de la Parole, la prière, la solidarité.

Ces communautés de base sont un peu les oreilles et les yeux de l’équipe sacerdotale de la paroisse.

Le premier dimanche de chaque mois, une campagne d’évangélisation est organisée afin de maintenir une vie chrétienne vivante, même si l’on sent quelques affaiblissements chez les jeunes, moins présents à cause de leur travail très prenant. La foi est encore bien présente mais nous devons être vigilants et inventifs.

Durant votre séjour au Togo, vous avez aussi participé à l’ordination d’un nouvel évêque à la tête de votre diocèse ?

L’abbé Mickaël Levacher et Mgr Denis Moutel entourant la famille de François-Xavier

Mgr Moïse TOUHO a été ordonné évêque  d’Atakpamé le 7 janvier 2023. Il a fait ses études à Rome puis il a été prêtre dans l’Ouest du diocèse, dans la paroisse St François-Xavier. C’est un homme discret, posé, modeste et très proche du peuple. D’origine rurale, il aime être présent dans les villages plutôt qu’en ville.

Depuis son installation, il a déjà parcouru le quart du diocèse en visite pastorale. Précédée d’une veillée et d’un concert, son ordination s’est déroulée dans la cathédrale d’Atakpamé.

Accompagné  de l’abbé Mickaël  LEVACHER, Mgr Denis  MOUTEL, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, a effectué une visite du diocèse d’Atakpamé en début d’année. Il a rencontré notre nouvel évêque, Mgr TOUHO, le 3 janvier et ils ont célébré une messe ensemble le 4 janvier. Compte tenu de son emploi du temps, Mgr MOUTEL n’a pas pu participer à l’ordination du 7 janvier.

Propos recueillis par Patrick BÉGOS.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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