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Servir et se respecter

Homélie du lundi 08 mai 2023 église Saint-Pierre Plérin.

Dans la première lecture, nous constatons que la violence des hommes est de toujours. En effet, alors qu’un conflit éclate dans une ville du bassin méditerranéen, la vie de Paul et de Barnabé est menacée. Comme d’habitude, au long des âges, il nous faut chercher un bouc émissaire. La solution pour eux est de s’éloigner, de trouver refuge ailleurs. D’autre part, lorsque des personnes assument pleinement leurs responsabilités dans le souci de servir son frère et sa sœur en humanité, le risque est également grand de vouloir les considérer comme des stars, comme des héros – ici dans le récit des actes des apôtres de les élever au rang de Dieu ! « Les foules s’écrièrent en lycaonien : « Les dieux se sont faits pareils aux hommes, et ils sont descendus chez nous ! » Ils donnaient à Barnabé le nom de Zeus, et à Paul celui d’Hermès, » (Ac14)

Ainsi, les extrémismes sont toujours des pierres d’attentes dans des sociétés, des civilisations, où le plus petit dans le peuple se sent abandonné, méprisé, déconsidéré.

D’autre part, dans l’évangile, la demande de la mère de Jacques et Jean témoigne de cette volonté de rechercher à tout prix les places d’honneur et de s’arroger toute responsabilité comme un pouvoir plutôt que d’exercer chaque responsabilité comme un service.

Par sa réponse, Jésus renvoie son interlocutrice et avec elle l’ensemble des disciples, à l’essentiel : le sens vrai et véritable du service. « Le Fils de Dieu est venu sur cette terre non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20)

Cérémonie du 8 mai 2023 au monument aux morts de Plérin

Il y a bientôt 80 ans nous vivions le débarquement sur les plages de Normandie. C’était le début d’une nouvelle ère pour l’Europe et pour le monde. Cette nouvelle page de l’histoire se faisait aussi au prix de nombreuses vies humaines et de familles déchirées. Nous découvrions alors jusqu’où la folie humaine et la volonté de puissance pouvaient aller dans l’horreur, dans l’extermination, en employant les moyens humains, scientifiques, au service de l’idéologie.

Aujourd’hui, la guerre est de nouveau présente à notre porte. Nous portons ce matin dans notre prière le peuple ukrainien qui avec son président continue de résister à l’envahisseur, et nous portons également le peuple russe victime collatérale d’un régime politique qui utilise la peur, le mensonge, la désinformation, l’intimidation pour parvenir à ses fins.

Chez nous, ce bien précieux qu’est la démocratie est également fragilisé. D’un côté lorsqu’il y a les échéances électorales beaucoup de nos concitoyens préfèrent opter pour la chaise vide ou l’abstention, de l’autre côté, lorsqu’il y a les résultats qui entraînent aussi des décisions de réforme, de changement, il y a le mécontentement. Ainsi, depuis près de 6 mois, des personnes font entendre, de façon pacifiste, leur désaccord à un certain projet de société. Lorsque le débat politique ne semble plus possible au sein des instances institutionnelles, car l’arrogance et la surenchère prennent le dessus sur les débats d’idées et la recherche de consensus, la démocratie s’exerce dans la rue. Il y a là matière à réfléchir pour construire un projet où il sera possible de vivre ensemble sur ce continent, dans ce pays, en donnant la parole, la place, la priorité aux plus faibles, au plus fragiles, au plus précaire. Il nous faut consentir à des sacrifices, à des appauvrissements, pour que l’autre qui est mon frère et ma sœur puisse vivre dignement du fruit de son travail notamment par un partage des richesses, des bénéfices.

Utopie ? Peut-être.

Mais le Christ-Jésus aurait pu prendre le pouvoir pour s’opposer aux forces politiques, économiques, religieuses en place. « Il voulait le faire roi ! ». Il avait la faveur du peuple. Il a préféré servir les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes, de son pays, en leur proposant un nouveau chemin : celui de la Vérité, de la Vie et de la Fraternité.

C’est ce que nous dit le Pape François dans son texte sur la fraternité, lorsque, au numéro 122, il écrit : « Le développement ne doit pas être orienté vers l’accumulation croissante au bénéfice de quelques-uns, mais doit assurer «les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples ».[99] Le droit de certains à la liberté d’entreprise ou de marché ne peut se trouver au-dessus des droits des peuples et de la dignité des pauvres, pas plus qu’au-dessus du respect de l’environnement, car « celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous».N°122 FT)

Rendons grâce à Dieu ce matin pour les efforts en faveur de la fraternité, de l’entente, de la paix et demandons-lui de nous animer de son Esprit pour contribuer ensemble à servir la dignité de tout être humain …

Roland LE GAL, curé

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