Au plus près du terrain, pour servir l’annonce de l’Évangile

Dans quelques mois, la communauté pastorale Notre-Dame de la Mer-Étables-sur-Mer va mettre en place une nouvelle façon de travailler. Ce ne seront pas de simples modifications mais une vraie révolution dans l’organisation, dans la manière de travailler ensemble, en partant de la base. Roland (curé des deux paroisses) et Serge Kerrien, diacre permanent de la communauté, nous détaillent les principaux éléments de cette évolution. 

Revenons d’abord sur l’historique de ce projet. Quel a été le déclic qui vous a engagé dans cette voie ?

 Ce sont d’abord les actes du Synode diocésain qui, dans le volet 5, prévoyaient une conversion pastorale pour travailler autrement. Cet engagement est resté lettre morte pendant quelques années.

Par ailleurs, les différentes réunions entre prêtres, que ce soit en Côtes d’Armor ou en Finistère, ont révélé que la plupart d’entre eux étaient « à la limite de l’explosion ». Dans les paroisses, on continue à travailler comme il y a 50 ans, les curés et les prêtres prenant en charge beaucoup de tâches pour lesquelles ils n’ont pas été ordonnés. Par contre, ils ne disposent pas d’un temps suffisant pour réaliser les missions qui leur ont été confiées à l’ordination et aller à la rencontre de la vie quotidienne de leur territoire. Nous devions absolument analyser ce problème essentiel dans la vie d’une communauté chrétienne et réfléchir à une autre manière de travailler.

Avec l’accord des évêques, sur les deux départements des Côtes d’Armor et du Finistère, chaque diocèse a mis en place une équipe d’accompagnement pour avancer dans cette voie.

En l’espace de trois ans, chaque prêtre qui le souhaitait a été vu personnellement, dans une phase d’écoute attentive, pour dégager quelques pistes. La synthèse a permis de retenir quelques lignes directrices, afin que chaque communauté puisse s’en emparer et mettre en œuvre des actions concrètes.

Au niveau de la zone de St Brieuc, quelle a été votre réflexion ? 

Dans la zone de St Brieuc, il y a une réelle demande des prêtres et une volonté d’aller de l’avant. La lettre Pastorale de Mgr Moutel, en novembre dernier, a été le déclic qui nous a décidé à démarrer. Le chemin était ouvert mais comment mettre en place ce que le synode et la lettre pastorale ont préconisé ?  Notamment « revoir la répartition des missions et des tâches pour que les prêtres puissent se recentrer sur l’annonce de l’Evangile et la rencontre des personnes en proximité ».

Nous sommes partis du constat que le nombre de prêtres était limité et qu’il faut un certain charisme pour prendre en charge une paroisse. Des pans entiers de la pastorale sont aujourd’hui déconnectés du ministère ordonné (la présence aux écoles, la visite dans les quartiers, la présence aux personnes malades et/ou en situation d’handicap…). Il faut absolument que les laïcs prennent en charge certains volets de la pastorale et que le prêtre puisse véritablement jouer son rôle. Le temps où tout reposait sur le prêtre et le curé est révolu. Conformément à leur baptême, les laïcs doivent s’engager.

L’objectif est d’annoncer l’Évangile à tous et à chacun, d’écouter la vie des quartiers, de tisser des liens, d’être présent aux périphéries de l’existence, de faire vivre des fraternités, de former et de responsabiliser les communautés paroissiales.

Une formule imagée permet de résumer tout ceci. Il faut passer de « la pastorale de la cloche qui appelle au rassemblement des paroissiens à la pastorale de la sonnette » qui exige une plus forte proximité avec le terrain.

Concrètement, comment cela va-t-il se traduire dans notre communauté pastorale ?

Dans notre communauté pastorale Notre-Dame de la Mer-Étables-sur-Mer, nous avons le même curé depuis 6 ans et une habitude de travailler ensemble. Nous avons, par exemple, mis en place une bonne collaboration pour la catéchèse des enfants et une coordinatrice a été nommée pour intervenir sur les deux paroisses. D’autres exemples pourraient être cités.

Les différentes rencontres entre prêtres, diacres et laïcs intégrés au sein des EAP ont permis de bâtir un schéma d’organisation en partant de la base, du terrain. Ce sont les relais (6 pour Notre-Dame de la mer et 6 pour Étables-sur-Mer) qui vont être le premier maillon de cette nouvelle manière de travailler ensemble.

Pour la Paroisse Notre-Dame de la Mer, dans chaque relais, sera mis en place un correspondant de relais entouré d’une équipe de quelques personnes. Il s’agit bien d’un correspondant et non du responsable du relais, car l’animation du relais est bien l’affaire de tous les baptisés du relais. C’est une question de vie fraternelle et de témoignage de foi. Son rôle sera d’être en lien avec les personnes de son territoire (écoles, commerces, élus, associations, …), que les personnes soient croyantes ou non.

Concrètement, pour la paroisse Notre-Dame de la mer, des rencontres auront lieu en septembre dans les trois relais du Légué, de Tréméloir et de Saint Laurent, afin de mettre sur pied les équipes et de nommer un correspondant. Pour les trois autres relais, Plérin-centre, Pordic et Trémuson les rencontres auront lieu en octobre.

Pour la paroisse d’Étables-sur-Mer, les 6 relais (St Quay-Portrieux, Plourhan, Binic, Étables-sur-Mer, Lantic, Tréveneuc), ont déjà un correspondant. Les rencontres auront lieu en septembre pour confirmer les correspondants en place ou nommer de nouvelles personnes.

Dans chacune des deux paroisses sera mise en place une Equipe Locale d’Animation (ELA), animée par un ou deux délégués pastoraux.

Cette équipe locale d’animation sera composée d’un ou deux délégués pastoraux, des six correspondants de relais, d’un membre du CPAE (conseil paroissial pour les affaires économiques). Chaque paroisse conservera un CPAE et un secrétariat.

A l’échelle de la Communauté Pastorale, comment travailler ensemble ?

La Communauté pastorale réunit les deux paroisses. Elle aura à sa tête une EAP (Equipe d’Animation Pastorale) reconnue par l’Evêque. Elle sera composée des trois prêtres en activité dans la communauté pastorale dont le curé, de deux diacres (sur les 4 diacres de la Communauté Pastorale), des 2 délégués pastoraux de chaque paroisse, de la coordinatrice de l’éveil à la foi et à la catéchèse primaire, d’un représentant des animateurs de jeunes, d’un représentant de la diaconie et du délégué à la caisse de la communauté pastorale.

Cette équipe sera animée à tour de rôle par les membres qui la composent, elle se réunira au moins une heure tous les 15 jours.

Sa mission sera de porter le projet missionnaire de la Communauté pastorale et d’être une interface entre les relais, la zone de Saint-Brieuc et le diocèse.

Quelle est la finalité de cette nouvelle organisation ? Comment passer de la pastorale de la cloche à la pastorale de la sonnette ?

Les prêtres, les diacres et tous les baptisés doivent prendre en charge la pastorale de la communauté.  Les prêtres doivent être déchargés de toute la partie administrative, ce qui nécessitera un secrétariat très actif dans chaque paroisse.

C’est une vraie révolution par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui. Tous ensemble, nous sommes responsables de la pastorale. Nous devons tous être à l’écoute de la vie du territoire et apporter des réponses à la demande des personnes, au niveau spirituel.
Il faut dégager du temps pour « les petites pousses » que constituent les enfants, les jeunes familles, les jeunes mariés… mais aussi tous ceux qui sont à la recherche de réponses sur la foi chrétienne.

Nous devons tous être au service du projet missionnaire de la communauté pastorale. L’organisation sera souple et ouverte. S’il faut appeler quelqu’un temporairement à l’EAP, cela doit se faire naturellement. S’il faut mettre en place des commissions sur tel ou tel sujet, nous le ferons.

Dans quel délai, prévoyez-vous la mise en route de cette nouvelle organisation ?

 La mise en place sera progressive. Au 1^er septembre, nous fusionnerons les EAP existant dans les deux paroisses pour n’en faire qu’une seule pour la communauté pastorale. En décembre 2023 ou janvier 2024, nous ferons une première évaluation du chemin parcouru.

A Pâques 2024, nous devrions être en mesure de présenter les deux ELA (Equipe Locale d’Animation) et la nouvelle EAP de la communauté pastorale.

L’objectif est d’être au plus près du terrain, de tisser du lien entre les personnes et de permettre aux communautés de témoigner de leur foi. Cela nécessitera la bonne volonté de tous, un travail en équipe et beaucoup de discernement.

Nous devons changer notre manière de travailler ensemble et passer d’un modèle clérical à un modèle synodal. Or, la synodalité n’est rien d’autre que de travailler ensemble en conjuguant nos talents. Le temps dégagé permettra aux prêtres de faire des visites dans les quartiers, d’aller à la rencontre de la vie dans les relais, (écoles, commerces, entreprises…). Des visites qui se feront dans la simplicité et la gratuité en annonçant d’emblée « Nous n’avons rien à vendre mais on vient vous voir, vous écouter et répondre à vos questions ».

Cette nouvelle manière de fonctionner sera le cœur de la mission.

Propos recueillis par Patrick Bégos

Rôle du correspondant de relais

Le rôle du correspondant du relais sera de créer du lien entre les membres du relais, d’être en relation avec les autres relais de la paroisse, avec les écoles et les collèges, avec les structures de santé … Il est membre de l’Equipe Locale d’Animation (ELA) et en lien direct avec le ou les délégués pastoraux, avec le comptable et le trésorier de la paroisse et avec les élus locaux. Le travail d’écoute de toute son équipe permettra de faire remonter les questions et les souhaits du terrain.

Rôle du délégué pastoral

Il est appelé par le curé pour le soutenir dans sa charge de responsable de paroisse.
Il est reconnu par l’Evêque pour une mission de 3 ans renouvelable une fois.
Il réunit et anime l’Equipe Locale d’Animation (ELA)
Il est membre de l’Equipe d’Animation Pastorale (EAP).
Il est en lien avec le curé, les autres prêtres, les diacres, la secrétaire paroissiale, les correspondants de relais.
Il est membre du CPAE (conseil paroissial pour les affaires économiques).
Son rôle est de veiller à la mise en œuvre du projet missionnaire de la communauté pastorale sur la paroisse et les relais.