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Pour le dimanche de la santé, trois soignants s’expriment …

Cette année, le dimanche de la santé coïncide avec la journée mondiale du malade (le 11 février).
Partout en France, dans les petits villages ou les grands hôpitaux, souvent dans la simplicité et la discrétion, les soignants sont présents auprès des malades. Ils font face à des conditions de travail souvent pénibles, le dimanche de la santé nous offre l’occasion de les encourager dans leur mission.
Nous avons choisi de donner la parole à trois soignants de notre Communauté Pastorale du Littoral Ouest.

Claire Bernard, médecin psychiatre

Claire, pouvez-vous vous présenter ?
J’ai 59 ans, je suis mère de 6 enfants et j’habite Plérin depuis 1995. Au sein de la paroisse, j’ai été catéchiste pendant 15 ans et membre de l’EAP pendant 5 ans.
Professionnellement, après des études de médecine à Paris et un internat de psychiatrie à Brest, j’ai choisi de travailler pour la Fondation Bon Sauveur de Bégard. C’est un établissement privé à but non lucratif avec une mission de service public.
La psychiatrie est une discipline particulière de la médecine dite « bio-psycho-sociale ». Il y a une dimension neurobiologique mais il faut intégrer l’histoire de la personne, sa place et ses interactions dans la société.

En quoi consiste votre métier de médecin psychiatre ?

Je travaille dans un service fermé de « soins sans consentement ». Les patients sont souvent opposés à l’hospitalisation et à la prise de traitement. Les pathologies sont variées : crises suicidaires, épisodes dépressifs sévères, état d’agitation maniaque, problèmes d’addiction… Certains ont des problèmes sociaux ou judiciaires.
Ce service est très contrôlé depuis la révision de la loi des placements de 2011 et les mesures d’isolement-contention plus récemment. Comme dans d’autres lieux de privation de liberté (prison, centres pour migrants en situation irrégulière), le service est visité deux fois par semaine par un juge de la liberté et de la détention. C’est bien sûr fondamental pour le droit des patients.
Il ressort de cette judiciarisation un travail administratif lourd pour la psychiatre. Mais nous sommes fiers d’avoir le taux d’isolement et de contention le plus bas au niveau régional, grâce à une volonté forte des équipes et aussi une architecture bien conçue de ce service ouvert en 2019. Il y a là un véritable enjeu d’humanisation.
Une journée par semaine, je sors des murs pour faire des consultations au CMP (Centre médico-psychologique) de Saint-Quay-Portrieux.

Comment ont évolué les pathologies dans le domaine de la psychiatrie ?

En équipe, nous essayons de préserver au mieux la dignité des personnes. Certaines sont là car personne n’en veut, en raison de leurs troubles du comportement. La maladie mentale est, dans ses formes graves, un facteur d’exclusion et de précarité avec une forte stigmatisation des personnes. Seule une très faible proportion des personnes schizophrènes peut être considérée comme dangereuse. La plupart sont au contraire très vulnérables.
La crise Covid a surtout impacté la santé mentale des jeunes. Pour certains adultes, l’accès au logement est devenu impossible et génère des perturbations de comportement en cascade.
J’aime le travail en équipe où, dans des dossiers complexes, les échanges fréquents permettent de garder une cohésion. La tendance est très fortement marqué par un taux élevé de suicides et d’addictions (alcool) avec des chiffres au plus haut si l’on se réfère aux moyennes nationales. La psychiatrie est impactée, comme tous les secteurs de la santé, par la pénurie de personnel. Pour le secteur paramédical infirmier, il y a une problématique salariale qui n’évolue pas.

Comment votre croyance chrétienne intervient dans votre mission ?

Je suis dans la dernière partie de ma carrière mais je reste passionnée, malgré la conjoncture difficile. Je rends grâce pour toutes ces rencontres si enrichissantes avec des collègues qui m’ont beaucoup transmis, ainsi qu’avec les équipes et les patients. Certains sont très attachants et ont beaucoup d’humour.
La dimension humaniste, avec la bienveillance, la bientraitance, le respect, la tolérance, est au coeur du soin du psychiatre. Ces valeurs sont bien sûr en cohérence avec l’Évangile.
Dans des situations particulièrement douloureuses, apparemment sans espoir, la foi et l’espérance me permettent de ne pas perdre de vue que ces personnes sont aimées de Dieu. Parfois, je me dis « Seigneur, il n’y a plus que toi qui peut faire quelque chose pour eux ».

Anne Lannou, médecin en gériatrie à l’hôpital

Anne, pouvez-vous vous présenter ?

J’habite Plérin, j’ai 47 ans, je suis mariée et mère de 6 enfants de 11 à 19 ans. Je suis arrivée dans la paroisse en 2014. J’ai participé à l’Eveil à la foi pour les enfants de 6-7 ans et j’interviens en tant que violoniste lors des messes des jeunes familles à Plérin.
Professionnellement, je suis médecin en gériatrie à l’hôpital Yves Le Foll de St Brieuc. Mon service prend en charge des personnes de plus de 75 ans, atteintes de poly-pathologies complexes très variées : problèmes cardiaques, pneumologiques, neuronaux….
C’est un métier passionnant et varié. Nous avons une vision globale de la santé de nos patients avec leur contexte de vie. Notre mission est médico-sociale, en lien avec les acteurs de la ville.

Comment évoluent les pathologies chez les personnes âgées ?

Notre spécificité, ce sont les bilans mémoire et l’aide à la décision en cas de soins complexes. Nous pouvons ainsi aider les confrères pour savoir si la personne peut supporter un traitement lourd afin d’éviter des complications en cascade.
La gériatrie a beaucoup évolué en vingt ans. Elle a gagné en légitimité et correspond à un vrai savoir-faire. Cette prise de conscience est bien réelle.

Quelles sont aujourd’hui sont les attentes des soignants ?

Nous manquons de personnel. Une unité de 30 lits de l’Ehpad des Capuçins a, par exemple, dû fer-mer pour cette raison. Nous sommes obligés de modifier nos organisations pour maintenir les services.
L’hôpital a pris le « virage ambulatoire » qui encourage un retour rapide au domicile. C’est bien pour les personnes robustes mais plus compliqué pour les gens fragiles ou isolés socialement. Un gros tra-vail de coordination est nécessaire pour une sortie réussie.
Je suis inquiète pour le renouvellement des médecins. La charge de travail au regard de la rémunéra-tion pousse certains à s’orienter vers le privé ou l’intérim.

Comment se fait l’accompagnement des patients en fin de vie ?

Cela fait partie de notre mission. Le rapport à la mort est différent d’un individu à l’autre. Tout dépend des convictions, des souhaits de la personne.
Pour avoir des soins appropriés, il est indispensable que la personne ait rédigé ses directives anticipées et désigné une personne de confiance. J’encourage d’ailleurs tout le monde à le faire.
Si cette réflexion a été menée, notre devoir est d’appliquer ce que la personne a souhaité. Si ce n’est pas le cas, les orientations thérapeutiques sont plus compliquées (cf loi Léonetti). C’est un travail d’équipe qui nécessite la compréhension de tous.

Comment votre croyance chrétienne intervient dans votre métier ?

Il peut m’arriver de prier pour des patients. Et surtout ma croyance chrétienne m’a donné le courage et la force de prendre des responsabilités au sein de mon service.

Propos recueillis par Patrick Bégos

Sandrina Mendes, infirmière à Plourhan

Plourhan abrite une infirmière du nom de Sandrina Mendes.
À 41 ans, mère de trois enfants et professionnelle de la santé depuis 19 ans, elle incarne la bienveillance au quotidien. Fille de parents portugais, son parcours est teinté de traditions et de valeurs profondément ancrées.
Élevée dans une culture croyante, Sandrina a grandi avec les pèlerinages à Fatima, qui ont incontestablement contribué à forger la personne qu’elle est aujourd’hui. Cet héritage se reflète dans sa manière d’aborder la vie, empreinte de respect, d’écoute et de compassion.

En tant qu’infirmière libérale, elle œuvre au sein de la communauté, apportant réconfort et soins aux personnes isolées, en perte d’autonomie, ou confrontées à la maladie. Pour Sandrina, l’écoute est essentielle. Dans ses rencontres, elle perçoit les doutes, la colère, la tristesse, mais aussi l’espoir. Elle insiste sur l’importance de ne pas être perçue comme une donneuse de leçons, mais plutôt comme une aidante, prête à offrir des réponses, des conseils, voire simplement une épaule.

Des soins simples aux plus complexes, Sandrina réalise un éventail de tâches, allant des pansements aux injections, en passant par la prise de sang, l’alimentation par sonde, ou encore la chimiothérapie. Parfois, elle représente la seule visite de la journée, ce qui souligne l’importance de voir le patient dans sa globalité, tant sur le plan physique que psychologique.

Au-delà de la maladie, elle trouve des petites joies dans son quotidien professionnel : un sourire, un rire, une reprise de moral, une amélioration, la joie simplement de se voir. Elle reconnaît également les frustrations et la colère liées aux difficultés d’accès aux soins, mais elle s’efforce de comprendre que c’est l’émotion générée par ces obstacles qui les provoque.

Dans le cadre de son métier, la vie et la mort sont d’inévitables compagnons. L’accompagnement de la fin de vie fait partie intégrante de sa mission. Elle s’efforce de rendre ce moment délicat le plus apaisant possible, aussi bien pour la personne qui s’en va que pour les proches qui restent. Expliquer, écouter, parler de manière compréhensible à tous, voilà des clés pour que chacun trouve sa place dans ce chemin délicat.
Chaque patient laisse un petit bout de lui-même dans le cœur de Sandrina. En tant qu’être humain avec une famille, elle comprend les enjeux émotionnels impliqués. Ainsi, elle s’engage à offrir aux familles ce qu’elle souhaiterait pour les siens : un accompagnement empreint d’empathie et de soin, pour que le chemin soit vécu le mieux possible, sans regrets pour les aidants, et avec la douceur nécessaire pour le patient.

Propos recueillis par Annie Le Breton

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