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Homélie du 5ème dimanche de Pâques et Journée de la déportation

Homélie du 5ème dimanche de Pâques B – Samedi 27 avril et dimanche 28 avril 2024 (Tréméloir et Plérin) 

Et Journée de la déportation.

Frères et sœurs,

Ces jours-ci, du fait de la fraîcheur des températures au lever du jour, les viticulteurs et les arboriculteurs s’inquiétaient de l’effet du gel sur la vigne et sur les arbres qui produisent différents fruits. Nous pouvons comprendre cette inquiétude. Et voici qu’aujourd’hui, Jésus nous parle dans l’évangile de la vigne, du vigneron et des sarments. Il souligne que son Père est le vigneron, qu’il est lui la vigne et que chacun de nous est un sarment. L’important c’est la cohésion et la complémentarité des différents acteurs et éléments qui puissent produire du fruit, un fruit qui demeure, un fruit qui s’épanouit, un fruit qui grandit dans la recherche du bien et de la vérité ….

Dans une vigne, il y a différentes sortes de sarments.

Aussi, Jésus affirme : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche » (Jn15)

Cette phrase attribuée aux sarments qui se désolidarisent de la vigne, de la source, risquent de mourir. Elle me fait penser à tous ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces enfants, qu’un régime autoritaire, a voulu décimer, une fois pour toutes, de l’humanité, au nom de leurs origines, de leurs orientations sexuelles, d’une haine pour une catégorie de notre humanité. Ceux et celles qui sont sortis de ces camps de la mort, de ces lieux de torture et d’extermination – dont leur identité s’en tenaient qu’à un matricule – sont d’abord apparus comme des sarments secs, tellement leur vie ne semblait tenir qu’à un fil et que leur corps étaient décharnés, squelettique. Mais, grâce à une capacité de résilience, ils ont pu redresser la tête, refaire confiance en la vie et témoigner de l’horreur afin de dénoncer jusqu’où l’être humain peut aller dans la folie, l’atrocité et la barbarie, pour anéantir et éliminer son semblable. Et on voudrait encore parfois aujourd’hui nier un tel moment de notre histoire !

Mais la deuxième partie de l’évangile insiste sur la capacité à produire du fruit. Jésus affirme notamment : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, » (Jn15) Or, pour porter du fruit, il est nécessaire d’être connectée à une source d’eau vive qui, pour nous les chrétiens, a pour nom : Jésus-Christ. Il est notre source qui donne sens et coloration à notre existence. Il est cette source qui nous demande, comme nous la rappelle la lettre de St Jean, qu’il « s’agit de vivre dans ce monde en aimant en actes et en vérité » (1Jn3)

Or, dans notre monde complexe, tourmenté et traversé par de nombreuses incertitudes dues notamment à cette volonté de jouer sur les peurs, les craintes, nous devons être fiers que depuis 79 ans, nous avons la chance de vivre dans un pays de paix et de liberté. En effet, même si tout n’est pas parfait et que la guerre est revenue sur notre continent européen, il est louable de reconnaître que des pays ennemis ont enterrés la hache de guerre et le désir de puissance et de vengeance, pour poser les bases d’un bien vivre ensemble, pour construire sur les ruines de l’horreur, un projet de fraternité et de tisser des relations qui vont dans le sens de produire du fruit, autrement dit, de faire advenir un monde plus humain et plus humanisant.

Mais quelle sera la source et les diverses sources d’inspiration qui nous permettront de continuer à faire grandir la paix, la concorde, la fraternité, l’amitié, dans les années à venir ? Dans un peu plus d’un mois nous sommes invités à nous rendre aux urnes pour élire les membres du Parlement Européen.
L’Europe c’est l’affaire de tous, de chaque citoyen et citoyenne. L’Europe c’est l’affaire aussi des chrétiens et des chrétiennes.
Ne nous trompons pas d’élection.

L’enjeu européen n’est pas de régler des questions nationales. L’enjeu européen est de dire oui ou non à la poursuite d’une civilisation de la fraternité, de la paix, du respect et de l’amour. L’enjeu européen, dans l’esprit des fondateurs, est de proposer au monde un modèle démocratique où les peuples s’enrichissent mutuellement de leur savoir, de leur savoir-être et de leur savoir-faire, dans un esprit de toujours mettre au centre de toute décision, l’être humain et en premier le plus fragile, et non le tout économique ou financier. Là aussi des sarments peuvent nuire à l’émergence d’un projet de civilisation.

Aussi, aujourd’hui, ce dimanche, rendons grâce à Dieu dans la prière pour les efforts en faveur de la paix et du respect de chaque personne humaine et demandons-lui de nous animer de son Esprit de vie et de discernement pour qu’ils nous aident à être des sarments vivants et vivaces, témoins de ces hommes et de ces femmes, qui avancent dans la vie avec confiance, avec le souci de transmettre aux générations à venir une terre où il fait bon vivre, où Dieu pourra dire en nous regardant : « Cela est bon. Cela est très bon. » (Gn1)

 

 

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