Homélie du Jeudi 20 juin 2024 – Assemblée générale du Mérite National – Plérin

11^ème semaine du temps ordinaire – Si 48 et Mt 6, 7-15 –
Assemblée générale du Mérite National – Plérin

Frères et sœurs, madame, monsieur,

Deux textes ponctuent notre célébration de ce matin.

Tout d’abord, le sage de la 1^ère lecture nous rappelle la vocation du prophète Elie. Il est vrai que dans la tradition juive, la figure et le ministère de prophète Elie est importante. D’ailleurs, lorsque Jésus posera la question à ses disciples : « Pour les gens, qui suis-je ? » Ils répondront : « pour les uns Elie, pour d’autres Jean le Baptiste, pour d’autres un prophète ». Le prophète Elie a marqué l’histoire du peuple hébreu car il osait dénoncer les manières machiavéliques des dirigeants de cette époque. Ce prophète redouté et redoutable n’avait rien d’un mercenaire ou d’un tyran, mais sa foi profonde dans le Dieu unique, le Dieu des pères, le Dieu d’Abraham et de Moïse, était remplie d’une force de vie, d’espérance, parce qu’il recherchait avant tout à faire la volonté de Dieu, à défendre les petits et les fragiles (cf. l’épisode de la veuve de Sarepta) et à enraciner toute sa vie sur ce Rocher qu’est le Dieu de l’Alliance, le Dieu de l’Amour et de la Vie.

Ainsi, Elie comme prophète jouait un rôle fédérateur.

Je crois que l’une des vocations du Mérite National est notamment dans cette volonté de reconnaître et de fédérer toutes les générations en traduisant dans vos paroles et vos actes « le dynamisme de la société », une société toujours en mouvement mais une société et un peuple qui ont de plus en plus besoin de faire le récit de leur histoire commune et de faire en sorte que ce qui les rassemble et les unit soit plus fort et plus riche que tout ce qui peut la diviser, la faire entrer dans la confrontation stérile.

Répondant à la demande de ses disciples, Jésus-Christ dans l’évangile nous donne la prière chrétienne du Notre Père. Elle est le modèle de toute prière chrétienne. Et cette prière commence par un « nous » et non par un « je ou un mon ». Prier Dieu le Père, c’est le prier pour et avec tous les autres. Dans la prière, j’associe tous mes frères et sœurs en humanité et je suis associé à tous mes frères et sœurs en humanité. Quelle parole importante à un moment où nous risquons le repli sur soi, où l’individualisme pourrait continuer de progresser au détriment de l’intérêt collectif et du bien commun.

En ayant reçu le mérite national, vous êtes invités au quotidien à donner valeur d’exemple en offrant et en témoignant du meilleur de vous-mêmes et en développant auprès de toutes les générations l’esprit civique.

Certains d’entre vous, vous pouvez puiser votre action et vos projets dans la puissance de la parole de l’Evangile, d’autres dans différents courants philosophiques au service de la croissance et de la dignité de toute personne humaine.

Mais nous avons tous besoin de nous retrouver, avec des référentiels différents, dans le respect de nos identités, de nos cultures, sur des valeurs communes pour construire un vrai projet de société. C’est de ce projet que nos contemporains ont besoin : un projet qui tienne compte de leurs attentes, de leurs souffrances, de leurs espoirs.

En effet, dans la prière du Notre Père, il y a deux parties : celle qui s’adresse à Dieu le Père pour le glorifier et l’honorer et celle qui continue de s’adresser à lui pour exprimer notre demande : la nôtre et celle de toute l’humanité. Il s’agit bien de lui demander « le pain de chaque jour » et non de chercher à amasser pour soi au lieu de partager avec chacun et tous.

Aussi, ce matin, frères et sœurs, que notre prière se fasse action de grâce, autrement dit, prière de merci pour les efforts accomplis en faveur de la paix, de la justice, du bien commun et qu’elle soit une demande à Dieu, le Père de Jésus-Christ, de nous animer de son Esprit de discernement pour rechercher ensemble des chemins nouveaux qui permettront de faire triompher l’intérêt collectif pour le bien de toute l’humanité.

Que Marie, Notre Dame de la Mer, Notre Dame de la Paix, intercède pour nous. Amen !