Questions à … Jean-Michel et Sandrine Philippe (agriculteurs à Plérin)
Nous avons rencontré Jean-Michel et Sandrine Philippe un couple d’agriculteur installé à Plérin qui nous a présenté l’évolution de leur métier.
Quel est votre parcours ?
Après une formation agricole, je me suis installé en 1996 avec mes parents Joachin et Marie Louise. Nous avons créé un groupement agricole d’exploitation en commun (GA.E.C.) Il y avait un atelier de 40 vaches laitières et de 48 jeunes bovins. La surface agricole était de 60 ha.
En 1996 mes parents ont pris leur retraite et Sandrine mon épouse s’est installée avec moi en tant qu’associée.
Actuellement nous avons 50 laitières et les génisses. Nous produisons chaque année 450.000 litres de lait que nous livrons à un groupement coopératif. La superficie de l’exploitation est de 85ha
Nous avons diminué la production de jeunes bovins, élevés pour la viande.
Comment sont nourris les animaux ?
Les rations d’hiver sont à base de maïs et d’ensilage de méteil et d’herbe. L’été l’alimentation est à base de pâturage et d’un affouragement en vert, pour mieux utiliser les parcelles éloignées.
Notre objectif est d’être le plus autonome possible en protéines. Compte tenu du prix du lait sur le marché, nous cherchons à réduire le plus possible, le coût alimentaire.
Pour cela, nous avons fait évoluer nos cultures. Pour diminuer les achats de soja, matières azotées nécessaire à l’alimentation des laitières, nous cultivons du méteil. Le méteil est un mélange de graminées, de pois, de fèveroles, de trèfles, riches en matières protéiques
Comment organisez-vous le travail ?
Dans un atelier laitier, la plus grande astreinte, c’est la traite matin et soir. En 2011, nous avons décidé d’investir dans un robot de traite. Les vaches viennent donner leur lait quand cela leur convient.
Pour nous, cela a diminué le temps d’astreinte ce qui a amélioré notre confort de travail.
Quelle est la structure de l’exploitation ?
Nous sommes situés dans une zone urbanisée et la circulation des animaux est difficile, parfois impossible. D’autre part, nous ne disposons que de 5ha accessibles aux animaux en pâturage, ce qui limite nos choix.
Nous avons étudié la possibilité de passer en agriculture bio, mais cela n’était pas possible, car nous n’avons pas suffisamment de surfaces accessibles au pâturage.
Cependant, nous pratiquons une agriculture durable agro-écologique. Nous prenons soin de nos sols pour qu’ils restent vivants, afin de maintenir la biodiversité. Nous limitons le travail du sol, et implantons des couverts végétaux.
Nous avons planté 2km de haies. Il y a davantage d’insectes et moins de maladie. Je n’utilise pratiquement plus d’insecticide et je réduis les doses des fongicides.
Comment commercialisez vous la production ?
En 2013 nous avons mis en place dans le centre de Plérin, un distributeur automatique de lait. Il a fonctionné pendant 10 ans. Les volumes vendus n’évoluaient pas et il y a eu du vandalisme, nous avons préféré arrêter.
Actuellement nous vendons notre production à un groupement de coopératives et à domicile. Nous avons un site internet sur lequel les clients peuvent réserver.
(Site : lacabanealait.fr)
Quels sont les projets futurs ?
Nous avons trois enfants deux sont salariés, la troisième poursuit ses études. Notre fils sera peut-être intéressé par la reprise du foncier. Cependant l’élevage sera limité du fait de la situation géographique de l’exploitation en zone urbanisée. A notre niveau nous envisageons à plus ou moins long terme d’arrêter l’élevage des vaches laitières.
Que pensez-vous de votre métier ?
C’est un métier passionnant nous sommes en contact avec la nature mais aussi très exigeant. Il faut être à la fois technicien, gestionnaire et ne pas compter ses heures de travail.
Propos recueillis par Jocelyne Lechelard