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Questions à … Jacques et Martine Barreau – Sauver et transmettre notre patrimoine vivant.

« De la terre à la mer » … . C’est le thème que, depuis novembre dernier, nous avons choisi de relater en allant à la rencontre de personnes qui travaillent dans ce milieu sur notre territoire.

Ce mois-ci, c’est Jacques et Martine Barreau qui ont accepté de nous accueillir dans leur cidrerie à Étables-sur-Mer.
A noter que leur attachement à cette activité de production de cidre* et d’eau-de-vie* Boujaron n’est pas sans rapport avec leurs ascendants et l’épopée maritime de la région.

Jacques : D’abord marin pêcheur, puis marin dans la Marine marchande ; travail à terre ensuite auprès de personnes handicapées. Créateur et président du Comité cidricole des Côtes d’Armor de 1985 à 1993 ; toujours adhérent.

Martine : Fille de marin ; activités professionnelles puis même passion avec Jacques pour les activités du terroir.

Jacques et Martine, quelles ont été vos motivations pour vous lancer dans cette activité Cidrerie Eau-de-vie ?

D’abord, un peu d’histoire.

Le Boujaron* est initialement une « mesure » d’eau-de-vie* dans notre vieille marine, puis eau-de-vie* du bord. C’est la seule eau-de-vie* du patrimoine maritime attestant de 400 à 500 ans d’ancienneté à la Grande Pêche à Terre Neuve, à Islande ou au Groenland.

Ayant été élevé dès ma plus tendre enfance par mon grand-père Louis Marie – fils du Capitaine islandais Jean Marie Botrel – j’ai toujours connu le Boujaron* dans son contexte historique et maritime.

Mes autres grands-parents issus des capitaines Cap Horniers « Le Mouellic » de la Compagnie Bordes ont aussi, comme tous les anciens du pays, été familiers du Boujaron.

Produit culturel par ailleurs, de par son histoire, il est aussi le témoin oculaire d’une épopée morutière où beaucoup de nos ancêtres ont tant sacrifié de leur corps et de leur vie pour élever ceux que nous sommes aujourd’hui.

C’est donc par respect et considération pour l’œuvre qu’ils ont accomplie que j’ai tenu à en perpétuer la mémoire. C’est aussi par prise de conscience de la nécessité de sauver ce patrimoine immatériel et de transmettre un savoir-faire qui risquait de disparaître.

Comment cette aventure a-t-elle commencé ?

Les pommiers, les terres …

Dans ma famille, on a toujours eu des pommiers. Cela doit remonter à plus de dix générations.

Autrefois les pommiers couvraient une grande partie de notre région. Le Sud-Goëlo constitue une zone particulièrement favorable à une production de qualité grâce au limon éolien déposé ainsi qu’à la situation géographique, géologique et climatique.

Le Comité cidricole breton, constitué en 1985, a voulu relancer l’activité qui menaçait de disparaître suite à l’arrachage massif de pommiers au cours des années antérieures. Des aides à la plantation furent octroyées par l’Administration.

Il subsistait, dans les parcelles du Goëlo, des vergers anciens. Il fallait très vite profiter de ce qu’il y avait encore des arbres pour sauver les variétés anciennes, bien adaptées aux conditions géo-climatiques.

C’est ainsi qu’en 1992 nous avons planté ces pommiers avec greffons de variétés à cidre sélectionnées pour obtenir un jus de qualité. Il a fallu en effet retrouver et répertorier les variétés anciennes, celles de ce terroir.

Ici à Étables-sur-Mer, notre verger du Ponto s’étend sur 3 hectares avec une vingtaine de variétés différentes. Parmi elles on peut citer : Marie Menard, Hyacinthe David, Guilvic … noms reconnus au niveau du département.

Quand les pommes tombent, elles sont formées, mais elles ne sont pas mûres. C’est ensuite qu’elles développent leurs arômes, chaque variété apportant son propre parfum. Dans le verger, les pommiers ont été plantés selon leur variété et avec des alternances dans chaque rang pour favoriser une pollinisation croisée. Bien sûr tout est bio, certifié, sur herbe naturelle.

Le ramassage se fait de début octobre à fin janvier, par variétés séparées et selon le degré de maturité.

La fabrication

La cidrerie abrite : le moulin à pommes (pour écraser, broyer), le pressoir (pour extraire le jus), les foudres pour le cidre*, les fûts pour l’eau de vie*.

Quel assemblage faire parmi la vingtaine de variétés de pommes ? Les recherches et nombreux essais réalisés au départ n’ont pas été vains. L’objectif est de produire un bon cidre, donc d’appliquer le bon dosage.

Le travail de broyage des pommes, d’extraction du jus et de stockage en foudres et fûts de chêne s’étale d’octobre à décembre-janvier.
Après un séjour de quelques mois en foudres, la mise en bouteilles commencera en juin.

Le cidre* qui est mis en fûts spécialisés est destiné à être distillé pour donner l’eau de vie*. La distillation est faite en novembre dans un alambic, par un distillateur qui vient sur place. Il faut 12000 litres de cidre pour donner 120 litre d’eau-de-vie*. Celle-ci reste 10 années minimum en fûts avant d’être commercialisée. Cette durée de vieillissement est essentielle pour révéler naturellement et sans artifice le caractère particulier du produit de notre terroir. Le temps fait ainsi son ouvrage pour dégager les arômes et acquérir cette belle couleur ambrée. Ce boujaron est donc bien amélioré par rapport à celui que nos marins emportaient sur les goélettes.

Comment s’effectue la vente ?
Des restaurants, crêperies, caves, petites surfaces de vente nous sollicitent. Des particuliers viennent ici, sur rendez-vous.

Comment voyez-vous la transmission de cette activité ?
Nous avons en effet à cœur de perpétuer le savoir-faire acquis depuis une quarantaine d’années. Pour ne pas voir disparaître ce patrimoine lié à l’histoire maritime de notre territoire, transmettre est essentiel. Une reprise est en cours. Un futur repreneur est en formation chez nous depuis septembre dernier.

Propos recueillis par Catherine Piron et Annie Le Breton.

Histoire  : Au temps des goélettes :
– Les marins pour Islande et Terre-Neuve embarquaient depuis les ports de Paimpol, Portrieux, Binic et Dahouët, Goélo historique à cette époque.
– La campagne de pêche à la morue durait du 15 février à fin août – début septembre. 25 marins par goélette.
– Les pommiers couvraient une grande  partie du territoire. Le cidre* était la boisson des marins, l’eau ne pouvait se conserver, elle pourrissait dans les fûts.
– Vu le grand nombre de vergers requis pour approvisionner tous les navires, la paroisse de St Quay, entre-autre, était dite « sous les pommiers ».
– Une mesure de Boujaron* c’est 6 centilitres. A noter que celui de Jacques et Martine est une marque déposée.

Contact :
Jacques et Martine BARREAU
6 Chemin de Ponto
22680 Étables-sur-Mer
02 96 70 52 00
rouault.barreau@orange.fr

Site Internet :
http://www.leboujaron.fr

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