Fais-tu le pont ?

N’est-ce pas une des questions que nous posons facilement à une personne en activité ou à un élève, lorsqu’approche le mois de mai. Il est vrai que certaines années, avec les jours fériés, en mai, il peut nous arriver de bénéficier de week-ends prolongés. C’est notamment le cas cette année avec le 1er mai et le 08 mai qui tombent un jeudi.
Il est toujours intéressant et bénéfique de construire des ponts. Si nous ne pensons qu’au viaduc du Gouët, quelle chance de pouvoir relier deux vallées et deux communes en si peu de temps ! Or, notre monde semble plutôt vouloir bâtir des murs et même parfois des châteaux forts. Dans de nombreux pays, les règles du protectionnisme s’intensifient et viennent comme mettre des barrières entre les personnes. Même lorsque nous regardons la physionomie de nos villes, de nos quartiers, de nos villages, nous constatons que les clôtures s’intensifient pour délimiter son territoire et accentuer l’individualisme. Heureusement que certains choisissent des clôtures paysagères et boisées au béton et au ciment !
Quelle chance de bénéficier d’un pont durant ce mois de mai ! Quelle chance alors de se demander quels ponts nous pouvons continuer de construire entre nous, entre chaque être humain pour améliorer le tissage de la solidarité, du partage, de la convivialité, de l’intérêt collectif, les relations intergénérationnelles ? Car, comme l’écrit le Pape François : « L’avenir n’est pas monochromatique, mais […] est possible si nous avons le courage de le regarder dans la variété et dans la diversité de ce que chacun peut apporter. Comme notre famille humaine a besoin d’apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils ! » (1) Nous pouvons continuer de nous enfermer dans la peur, dans le sécuritaire, dans l’angoisse mais ceci ne nous fait pas advenir plus humain et humanisant. Osons jeter des ponts entre nous : au sein d’une famille, d’un village, d’un quartier, d’une commune, d’une paroisse, d’un relais paroissial, pour faire grandir la confiance, la sérénité, la paix et la joie de bien vivre ensemble sur un même territoire.
La fête de Pâques que nous célébrons jusqu’au 8 juin, jour de la Pentecôte, est le signe vivant de cette relation renouvelée dans la confiance et l’espérance grâce à la mort/résurrection de Jésus-Christ. Avec lui nous passons des ténèbres à la lumière, de la peur à la confiance. Soyons des artisans de fraternité et des bâtisseurs de ponts.
Roland, curé
(1) Pape François Fratelli Tutti n°100