Onze années parmi nous et au service de tous

A compter du 1er Septembre 2025, Mgr Moutel a nommé le Père Mikerson Olivier, curé des paroisses d’Étables-sur-Mer et de Notre-Dame de la Mer.
A quelques mois de son départ, nous avons demandé a Roland Le Gal, curé, de nous donner son ressenti sur les onze années passées parmi nous.

En arrivant à Plérin, j’ai trouvé une communauté où il y avait du potentiel et des gens engagés. La paroisse avait une coordinatrice en la personne de Jocelyne Lechelard. Elle avait aussi une mémoire avec la présence de Corinne, notre secrétaire. Je pouvais aussi compter sur deux prêtres plus âgés les Pères Jean Hamon, la mémoire du diocèse, et Yves Corbel, pasteur attentif à tous les paroissiens. J’avais ainsi des points d’appui pour faire un travail en équipe.
Mon objectif a toujours été d’annoncer l’Évangile à toute personne, sans distinction.
Onze années plus tard, quel regard as-tu en quittant les paroisses du Littoral Ouest ?
J’ai fait un bout de chemin avec les paroissiens et les habitants de toutes les communes. Trois ans après mon arrivée, je suis devenu curé d’Étables-sur-Mer tout en conservant la charge de Notre-Dame de la Mer. L’horizon s’est élargi. J’espère avoir contribué à annoncer, vivre et célébrer l’Évangile durant ces 11 années. Ma présence ici se calque sur le temps du pontificat de François. Il m’a conforté dans ma volonté d’annoncer l’Évangile et d’aller vers les périphéries.
Son encyclique « Fratelli Tutti » prône une Église ouverte et en dialogue qui répond aux questions que se posent tous les contemporains ; celle de « Laudato Si » est un document de référence pour une réelle écologie intégrale.
En 2019, durant la semaine « Cap fraternité » avec des propositions pour les enfants, les ados, les adultes, nous nous sommes laissés déplacer dans nos manières d’être,
En matière de catéchèse primaire, onze années après, on observe une stabilité des effectifs dans la communauté pastorale, voire une évolution positive dans la paroisse d’Étables-sur-mer. Je suis heureux aussi de l’engagement des adultes qui s’investissent dans cette mission de catéchète.
J’ai apprécié le travail d’équipe, notamment avec les équipes funérailles, avec les guides et les membres qui accompagnent les familles en deuil.
Est-ce difficile d’être curé d’une communauté pastorale avec deux paroisses ?
Le curé est au service de la communion. Or, nous sommes tous des individus. Il faut faire l’unité en tenant compte de la diversité, respecter l’identité de chacun et l’histoire de la communauté. Nous devons aider les paroissiens à prendre conscience qu’ils font partie d’une même paroisse, bien qu’ils habitent tel ou tel quartier, telle ou telle commune.
Une grande communauté permet de disposer de compétences et de talents plus élargis. Chacun apporte le mieux qu’il peut pour le bien de tous. Quelle chance que la mutualisation des compétences !
Les deux dernières années ont été plus difficiles car les EAP (Equipes d’Animation Paroissiale) étaient moins investies dans l’animation et beaucoup reposait sur le curé. Dans une paroisse, chacun a son rôle mais les personnes ont du mal à respecter les fonctions et les médiations de chacun. Pourtant, cela allégerait beaucoup la charge du curé. Son avis est demandé en permanence. On identifie trop la paroisse au curé et pas suffisamment à l’EAP et/ou au correspondant de relais.
C’est un travail d’équipe. La priorité est d’aimer les gens et de savoir déléguer afin que le curé ne soit pas dans l’obligation de répondre à tout et « tout de suite ».
Quelles ont été les principales étapes de ces 11 années ?
Je ne suis pas un manuel. La partie immobilière a été pour moi une découverte.
2015 a été marquée par la rénovation de l’église de Saint-Laurent de la mer, grâce à la participation du diocèse et de l’ACF (Association des chefs de famille de Saint-Laurent). Même si l’église a perdu un peu en acoustique, c’est une très belle réalisation. A la fin des travaux, nous avons vécu une belle célébration sur le parvis de l’église, un bon moment de vie paroissiale, agrémenté de l’exposition des œuvres d’Isabelle Blanchard. C’est aussi un exemple de la mise en œuvre simple de la synodalité.

Ces salles sont un outil au service de la mission, fonctionnel, accessible à tous et bien situé au centre des deux paroisses. Les salles sont dotées des moyens audiovisuels modernes. L’objectif de ces salles est de rendre visible la communauté chrétienne au cœur de la cité. Nous sommes une force de proposition de chemins de foi dans le monde actuel.
2017 a été l’année du départ de Jean Hamon et de l’arrivée de Damien qui a passé 7 ans dans la paroisse et avec qui j’ai apprécié de partager la charge pastorale.
L’événement marquant de 2019 a été le Festival « Cap Fraternité » sur une semaine. Cela a permis aux personnes des deux paroisses de se connaître, de créer du lien, et à notre communauté d’ouvrir son regard sur les réalités du monde dans lequel elle est immergée.
Certains enfants se sont ensuite insérés dans une démarche de catéchèse.
L’Église doit continuer à s’investir dans ce type d’événement notamment pour les jeunes qui sont à la fois le présent et l’avenir.
De même, l’Hôpital privé sur la paroisse est pour nous un lieu important où nous sommes présents afin d’apporter notre soutien aux malades, aux familles et à tous les soignants.
2020 a été l’année difficile du Covid ?
Tout s’arrête et on se sent diminué, fragilisé. Il a fallu assurer les obsèques et s’adapter pour accompagner les familles avec une assistance souvent clairsemée.
Ce temps d’arrêt a été l’occasion de faire le point sur le monde dans lequel on vit. J’ai apprécié ce moment où je pouvais lire davantage et où je rédigeais une lettre tous les week-ends à l’attention des paroissiens.
Je suis allé la distribuer dans certains quartiers où il n’y avait pas d’équipe locale. Cela m’a aussi permis d’apprendre concrètement où les gens habitent.

Les années suivantes, on peut rappeler les soirées de Carême et de l’Avent qui permettent de se former et se ressourcer.
Les messes des familles ont également été mises en place dans la communauté. Le prêtre doit être au service de la communion et à l’écoute des différentes sensibilités et attentes. Grâce au Père Damien, l’intégration des jeunes familles a été possible dans le cadre de ces messes adaptées. Je constate aussi que durant mon absence, certaines familles se sont investies dans la catéchèse des enfants.

2023 et 2024 ont été marquées par la construction du nouvel accueil de Notre-Dame de la Mer. Le presbytère était une ruche où se mélangeaient vie publique et vie privée. Nous étions trop à l’étroit pour avoir des conditions de travail correctes pour les salariés et les bénévoles avec seulement une pièce pour recevoir.
L’idée était de trouver dans le pourtour du presbytère des locaux fonctionnels pour que chacun puisse travailler correctement. Une opportunité s’est présentée avec une cellule non occupée dans un immeuble neuf dans le pourtour de l’église et au cœur de la cité. Ces locaux viennent en complément du presbytère. Ils ont été financés par le diocèse et la vente des salles paroissiales situées place Marie Balavenne, qui ne servaient plus à la paroisse.
Quid du presbytère ? Plusieurs projets sont possibles. Dans l’idéal, il serait souhaitable que la solution retenue permette à la fois de loger les prêtres et de recevoir les personnes qui veulent les rencontrer tout en restant à proximité de l’accueil Notre-Dame de la Mer.
La paroisse d’Étables-sur-Mer a également vécu quelques nouveautés ?
Les paroissiens ont mis en place le « dimanche en chemin ». Un dimanche par trimestre, les paroissiens se retrouvent à 9 heures pour un temps d’accueil et de convivialité puis un temps d’échanges à partir des lectures du dimanche et la participation à la messe.
C’est une particularité de la paroisse qui fonctionne bien grâce au travail de l’équipe de préparation et de sa coordinatrice Malu.
La journée « Écoute et réconciliation » a été mise en place à Binic pour toute la communauté. Elle répond aux attentes et aux besoins. Les personnes peuvent passer du temps dans l’église, discuter, être écoutées, rencontrer un prêtre, vivre le sacrement du Pardon et de la Réconciliation.
Je salue également le travail effectué par l’équipe du bulletin et la création récente d’un bulletin commun aux deux paroisses. Cette création montre qu’il faut « s’apprivoiser », travailler ensemble, reconnaître et prendre en compte le rôle de chacun. Chaque petit pas accompli ensemble permet des convergences dans les projets.
Pour l’immobilier d’Étables-sur-Mer, nous sommes dans un moment de transition avec des opportunités qui ouvrent de nouvelles perspectives pour le bien de la mission. Nous avons rendu aux communes propriétaires, les presbytères de Saint-Quay-Portrieux et d’Étables-sur-Mer. Nous devons maintenant nous polariser sur le cœur de notre mission avec des bâtiments moins importants, moins énergivores, plus fonctionnels et faciles d’accès.
Y-a-t-il des regrets au terme de ces onze années ?
J’ai manqué de temps pour certains projets. Le temps passé dans la gestion de l’immobilier et des affaires courantes s’est fait au détriment d’une véritable pastorale des jeunes où je n’ai pas pu m’investir personnellement. Pourtant, il y a beaucoup de potentiel et surtout une attente de la part des jeunes. C’était aussi l’un des messages du pape François. Il faut se mettre en quête d’animateurs proches des jeunes.
Mon second regret concerne les conditions de logement. Avec les différents partenaires, nous aurions pu anticiper la rénovation du presbytère. Il est dommage qu’aujourd’hui des prêtres vivent dans ces conditions. Mais nous ne sommes pas les plus à plaindre quand des familles galèrent pour trouver un logement décent.
Quelles sont les perspectives pour la communauté pastorale ?
J’ai confiance dans le curé nommé pour me succéder, le Père Mikerson Olivier. Il aime bien les gens, il a une âme de pasteur. Je souhaite qu’il soit épaulé. Il pourra s’appuyer sur les équipes en place mais il faut aussi penser au renouvellement des bénévoles.
En terme d’organisation, la paroisse Notre-Dame de la Mer doit s’inspirer ce qui a été fait à Étables-sur-Mer avec les délégués pastoraux(1) et les correspondants de relais.
Quant à moi, je vais continuer de servir autrement. A la rentrée de septembre, je rejoindrai la ville de Lorient où je suis nommé à mi-temps, « prêtre référent de l’aumônerie du Groupe Hospitalier de Bretagne Sud » et je suivrai à Paris un cursus universitaire « Santé et Éthique »
J’ai aussi besoin de repos. Après 32 ans de ministère sans coupure, je vais entamer cette nouvelle étape de vie entre service, ressourcement et bien-être.
As-tu un message pour les paroissiens ?

J’implore le pardon pour ceux et celles que j’ai blessés ou que je n’ai pas su accueillir, écouter. J’invite chacun à prendre soin de l’autre et à avoir un regard positif sur la vie. Nous sommes tous témoins d’une Espérance qui nous dépasse et qui fait de nous des Vivants car comme le dit Saint Irénée de Lyon au 2ème siècle : « La gloire de Dieu c’est l’Homme Vivant et la vie de l’Homme c’est de contempler Dieu ».
Propos recueillis par Patrick Bégos et Jocelyne Léchelard.
(1) Un délégué pastoral est une personne appelée par le curé pour un temps donné et une mission précise : coordonner et animer la vie de la paroisse en lien avec le curé, l’EAP et les différents acteurs et représenter le curé dans les différentes instances.


