Homélie de l’abbé Roland Le Gal pour le pardon de sainte Anne au Portrieux

Homélie du 17ème dimanche ordinaire C – Pardon Sainte-Anne au Portrieux.
Samedi 26 juillet
Frères et sœurs, chers amis,
En ce samedi soir, nous célébrerons la fête de sainte Anne, patronne avec saint Yves de notre chère Bretagne. D’ailleurs au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, cette année, c’est la fête des 400 ans de la découverte par Yvon Nicolazic, humble paysan, de la statue de Sainte-Anne dans le champ du Bocéno.
De façon habituelle, sainte Anne est représentée en train d’apprendre à lire à sa fille Marie, la future mère de Jésus-Christ. Elle lui apprend à lire dans le livre des Écritures. Elle lui apprend à découvrir la Parole de Dieu. (Comme cette statue de Sainte-Anne magnifiquement restaurée !)
Notre monde contemporain est noyé par des flots de paroles. L’essor des réseaux sociaux fait que les mots, les phrases, les slogans s’enchaînent de façon vertigineuse, à la recherche de toujours plus de likes, dans une volonté de donner son avis sur tout, dans un désir de pouvoir influer sur des décisions ou d’apporter sa pierre au débat. Mais ce flot de mots, de phrases, de slogans fait-il parole ?
Dans la 1ère lecture, nous sommes comme face à un chantage ou une négociation entre Dieu et Abraham. La prière serait-elle de cet ordre ? Pourtant le Dieu de l’Alliance en qui Abraham a mis sa foi est un Dieu différent des dieux babyloniens, grecs ou romains. Ce Dieu qui fait alliance avec toute personne et avec l’humanité, est un Dieu qui conçoit la relation non pas comme un contrat mais comme un testament. Il propose, il donne, et l’autre est libre d’accepter l’offrande ou de la refuser. Ainsi, la Parole de Dieu est une parole qui n’est pas qu’une promesse : elle est une parole qui dit et qui fait. Avant sa prière, Abraham a accueilli chez lui les 3 visiteurs de Dieu. Il leur a offert l’hospitalité, il les a nourris. Abraham en faisant ainsi a mis en pratique le cœur de la Loi Juive : « Ecoute Israël : Aimez Dieu et aimez son prochain comme soi-même vaut mieux que tous les sacrifices ! » Il a fait l’expérience de ce Dieu de bonté et de miséricorde. Ainsi, dans cette prière dialoguée avec Dieu, il peut manifester sa compassion et son souci pour tout être humain digne de vivre et digne de continuer à être un vivant. La Parole que Ste Anne fait découvrir à sa fille Marie est du même ordre : une parole qui vient s’inscrire au plus profond de nos cœurs pour témoigner de cette Parole vivante, Jésus-Christ, Parole faite chair, Parole plénière de notre Dieu. Une invitation pour chacun et chacune d’entre nous à mesurer le poids de nos paroles et à se demander si nos paroles ne sont que des mots semés au vent du grand large où des mots qui font événement parce que pétris de l’épaisseur de notre être humain et spirituel, animé par le souffle de Dieu.
Dans l’évangile, la question des disciples est quelque peu surprenante : « Seigneur, apprends-nous à prier ! » En effet, éduqués dès leur enfance dans la foi des Hébreux, ces hommes et ces femmes ont été habitués à se rendre à la synagogue ou au temple pour prier. Et pourtant, ils confessent qu’ils ne savent pas prier. Peut-être que la manière de prier de Jésus les impressionne ou qu’ils y trouvent une autre manière de se connecter à Dieu. Et voici que le texte de la prière que Jésus donne à ses disciples est une prière nouvelle, une prière qui va traverser les siècles, une prière qui vient jusqu’à nous aujourd’hui et qui la plus connue des prières chrétiennes. Cette prière du Notre Père est le modèle de toute prière chrétienne. La prière peut être vu comme une inaction. Or, prier c’est déjà agir. C’est se donner du temps pour Dieu pour le remercier, pour lui confier nos « joies et nos espoirs, nos tristesses et nos angoisses » (GS 1 Vatican II) afin d’y trouver force et courage pour vivre le quotidien, pour surmonter les murs et les conflits et aller à la rencontre des autres. Prier pour la Paix c’est déjà souhaité la Paix et favoriser tout effort en faveur de la paix dans nos familles, dans notre quartier, dans notre commune. Dans la prière chrétienne, avant de demander il faut écouter et remercier le Créateur. Et cette prière n’est pas seulement une prière personnelle mais une prière communauté car elle commence par « Notre Père ». Or, ce « Notre » nous tourne vers le Père de Tous et en le priant nous entraînant avec nous toute l’humanité. Après avoir qualifié ce Dieu dans lequel nous mettons notre foi, notre confiance, nous pouvons continuer de s’adresser à lui pour formuler nos demandes, nos attentes. « Demandez, vous recevrez dit Jésus à ses disciples à la fin de cette prière et il ajoute « frappez et l’on vous ouvrira ! » Une manière de souligner que Dieu ne se lasse jamais de notre prière et qu’Il peut nous aider dans la réalisation de nos attentes qui vont dans le sens du bien, du beau et du bon, et il compte aussi sur nous pour, avec lui, faire advenir un monde plus humain, plus fraternel et plus humanisant.
Frères et sœurs,
En ce soir de Pardon et de fête, à l’intercession de sainte Anne, mère de Marie et aïeule du Christ-Jésus, je rends grâce avec vous, à Dieu notre Père de Tendresse, pour toutes les joies vécues et tous les moments partagés ici à Saint-Quay-Portrieux, pour les projets menés ensemble dans la confiance et le service de l’annonce de l’Évangile. (Je n’oublie pas également ceux et celles qui communient à notre célébration depuis la demeure du ciel et que j’ai eu la chance de côtoyer sur ce relais) Avec vous, je demande à Dieu dans la prière de vous garder en bonne santé, de vous animer de son souffle de vie pour poursuivre la mission de prière et d’hospitalité, et pour témoigner d’un plus d’humanité et d’un plus de vie. Que sainte Anne intercède pour nous ! Amen !