Pardon de Notre-Dame de la Garde à Pordic le 17 août 2025 et homélie de l’abbé Roland Le Gal

Le dimanche 17 août à 10h00 rendez-vous avait été donné aux paroissiens au lieu dit le Vau Rio en Pordic pour le pardon de Notre-Dame de la Garde, rue Duguay Trouin. L’assemblée présente a cheminé jusque la chapelle, en procession, pour une célébration présidée par Roland Le Gal, curé, pour son dernier pardon au Vau Rio.

Animée par Jean-Paul accompagné à l’orgue par Vincent Fleury, les paroissiens et voisins nombreux ont chanté et prié Notre-Dame.

Merci à Mme Annick Jamet et les voisins d’ouvrir et d’entretenir la chapelle tout au long de l’année.

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Homélie du 20ème dimanche ordinaire C

Pordic Pardon Notre Dame de la Garde- Dimanche 17 août 2025

Frères et sœurs, chers amis,

Dans la société de son temps, le prophète Jérémie a remis en cause les discours politiques et religieux des élites. Cela n’a pas plu du tout. Dans notre pays, nous avons la chance de vivre une réelle liberté d’opinions et de convictions et nous pouvons, en toute liberté, exercer notre liberté d’expression. Ce n’est pas vrai dans tout pays. Nous savons combien il est dangereux dans certains pays du monde de s’opposer aux autorités qui assument le pouvoir.

Imaginez votre curé se mettre tout d’un coup, au nom de la vérité et de l’Evangile, à s’opposer aux décisions d’un élu local ! Vous me pourriez me rétorquer : Mais de quoi tu te mêles ! Tu n’es pas là pour faire de la politique mais pour prêcher l’évangile et dire la messe. Nous ne te demandons rien d’autre !

Nous avons tous des convictions, des opinions. Le risque c’est de s’enfermer et de s’entêter dans nos convictions, nos idées. Or, je crois que la conscience est supérieure aux convictions. La conscience est un lieu de discernement, un lieu où il est possible de peser le pour et le contre pour se faire une opinion équilibrée, une conviction ajustée. Dans la foi au Dieu de l’alliance, la présence, en nous, de l’Esprit Saint, est ce qui permet à notre conscience de s’ajuster car c’est en quelque sorte le feu de Dieu au fond de nous-mêmes, la flamme de vie qui nous anime.

C’est bien ce que dit Jésus aujourd’hui dans l’évangile. Littéralement, il interroge : « Pensez-vous que je suis venu donner une paix sur la terre ? Non, je vous le dis, au contraire, une séparation. » Jésus n’est pas venu donner « la » paix, c’est-à-dire une paix passe-partout, une paix en kit, une paix de bisounours, indépendante de ceux qui la reçoivent.

La paix du Christ vient bien de Dieu mais elle ne nous déboute pas de notre responsabilité : il est venu donner une paix que Dieu trouve avec nous, ou plus exactement, que nous trouvons avec l’aide de Dieu.

Quant à la division, ce n’est pas un enjeu funeste de guerre. Il s’agit de la nécessité d’une séparation. Je suis venu donner une séparation, dit Jésus. Chacun devra apprendre à être lui-même. Le fils n’est pas le prolongement du père : avec ce qu’il reçoit, le fils apprend librement à être lui-même. Et le père n’a pas à abandonner son autorité pour éviter le conflit avec son fils.

Il accepte ce qui les sépare. C’est un processus de vie. La possibilité de toujours naître et renaître. Il y a des convictions différentes qui caractérisent père et fils, et qui permettent à l’un et à l’autre de se parler et de reconnaître comment ils vont établir une paix, même avec leurs différences de générations, de cultures, de mentalités et de foi !

Car Jésus a annoncé d’emblée : il s’agit « d’achever un baptême ». Et un baptême est un acte de foi, un plongeon dans la foi. (Ce que vivront 4 enfants tout à l’heure à l’église de Pordic) Et la foi assume de confronter à d’autres et au monde, une autre conviction et une autre force de vie. Bien sûr, cette opposition n’est pas sans douleur. Mais sans séparation assumée entre les générations et entre les sensibilités, la foi se dilue et s’épuise. Le disciple du Christ qui ne réagit pas par ses paroles et par ses actes anéantit sa foi. Sa foi est lettre morte. La foi porte le chrétien à affirmer ses convictions et ses convictions soutiennent sa foi.

Ainsi, à un moment où je m’apprête à vous quitter pour rejoindre une autre rive bretonne sur les bords du Scorff et du Blavet, nous sommes invités à vivre ce moment de la séparation comme un saut dans la confiance et l’espérance. Celui que faisait aussi les marins qui quittaient notre rive pour l’aventure de Terre-Neuve. Ce saut que la Vierge Marie, Notre Dame de la Garde, a accompli en acceptant de devenir la mère de Jésus, notre Sauveur, le Fils de Dieu ; le saut qu’elle a accompli en franchissant la montagne de Judée pour rejoindre sa cousine Elisabeth et lui apporter la Bonne Nouvelle de la vie qui naît et qui est promise à un avenir de grâce. Ainsi, avec vous, je n’ai pas été le prolongement de Jésus-Christ, fils de Marie et de Fils de Dieu, mais le témoin de la Foi en la Vie et en l’Amour et le Pasteur qui s’est efforcé de prendre soin de chacun et de tous, sans distinction, comme témoin d’un Dieu Père et plein de tendresse qui porte le souci de tous ses enfants. Nous sommes divers et différents mais notre sagesse peut nous rassembler, notre foi en Jésus-Christ mort et ressuscité, peut nous rassembler et nous unir dans une même famille.

Enfin, Jésus parle d’un feu qu’il vient porter sur la terre. Il ne s’agit pas d’un incendie. Il s’agit d’un feu qui fait progresser, qui illumine, qui nous procure de la chaleur, qui fait du bien. Comme une flamme, la parole de Dieu gagne ce qu’elle touche. Elle nourrit nos convictions qui nous donnent notre place en ce monde. Elle éclaire notre conscience, creuset d’un cœur libre où Dieu peut prendre sa place en nous. Aussi, avec Marie, rendons grâce aujourd’hui dans la prière de l’Eucharistie pour ce feu de Dieu qui ne cesse de faire de nous, de chacun de nous des témoins de la lumière du Monde, Jésus-Christ, animés du souffle ardent et brûlant de l’Esprit-Saint. Amen