Mon « baissé de rideau » de l’équipe funérailles d’Étables-sur-Mer

Quelles ont été les motivations de cet engagement ?
Personnelles : améliorer ma prise de parole public, et ce le fût.
Motivations sociales : obtenir du père Jean Mabundi son soutien pour la cause qui m’était chère l’ACAT, ce qu’il fît !
Et enfin plus simplement : ne pas « être un consommateur de spiritualité », mais apporter moi-aussi ma pierre à un monde plus solidaire et fraternel.
Pour se faire il m’a fallu franchir 4 étapes successives et de plus en plus intéressantes
Première étape : la maîtrise technique, l’étape indispensable mais la moins intéressante. Autant s’en débarrasser rapidement : fin août, ayant donné mon accord à la mission, je contacte Serge Kerrien qui me consacre deux heures et profitant du pèlerinage à Lourdes je débute mon premier office avec Marthe Thomas comme poisson pilote. Poisson pilote qui me remettait dans le droit chemin avec rigueur, vérité, simplicité, amitié. A l’époque je ne me prenais pas la tête avec le commentaire d’évangile qui est, et qui reste, le problème lourd à résoudre pour les guides de prières. Deux trois textes faisaient l’affaire. L’important de cette phase c’est de prendre sa place et de se sentir à l’aise dans cette fonction.
Deuxième étape : mettre le « de cujus » et la famille au centre de l’office.
Je pris l’habitude dans la préparation de leur demander :
– de me donner la composition exacte de la famille : prénom du mari, de l’épouse, des enfants et petits-enfants de leurs liens
– de me donner quelques renseignements sur la vie du décédé et ses centres d’intérêts : ce qu’il aimait et ce qu’il n’aimait pas.
– Que disait-on de lui, comment était-il perçu par sa famille et ses amis
Ce plan me permettait d’offrir un hommage nominatif lors de mon introduction, de déterminer le nombre de bougies à faire préparer, et d’avoir une bonne vision de la famille pour leur proposer les textes et les chants les plus adaptés.
Troisième étape : S’intéresser au décédé c’est bien, s’intéresser à la famille c’est mieux.
Tous les guides de prières savent qu’ils se doivent d’apporter de la consolation et de l’espérance aux endeuillés c’est-à-dire à la famille élargie. Mais l’écoute attentive permet de remarquer des failles, comme celle du fils unique élevé par sa mère très silencieux lors de son décès. Mariée très jeune, l’épouse coupe les ponts avec la mère. Il est là, seul, coupable de l’abandon. Je m’orientai sur Matthieu « heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés … ». La question qu’il faut se poser : Qu’attendent-ils de moi ?
Quatrième étape : être guide de prières, c’est apporter à l’assemblée le témoignage de sa foi.
J’ai constaté que, souvent, il y avait plus de personnes à des obsèques que de catholiques aux offices du dimanche. Ils viennent rendre hommage au défunt mais restent silencieux pendant toute la durée de l’office. Et là vous comprenez qu’il faut humaniser les textes d’évangiles qu’ils ont entendus 100 fois. Sortir des rites en pressant les textes comme les grappes de raisins pour en extraire le jus.
Je prendrai l’exemple de mon dernier office à Plouha le mois dernier : c’était mon professeur de judo, 5°dan, intégré sur le tard dans mon entreprise. J’ai vu arriver beaucoup d’hommes et de femmes avec des sacs dans lesquels se trouvaient des vestes de kimonos. Je compris et je leur demandais de les revêtir et de s’avancer aux premiers rangs. Ils remplirent 7 rangs de ceintures noires. Ils venaient rendre hommage à leur camarade. L’évangile choisit fut : « Ce n’est pas en disant Seigneur, Seigneur… » Et j’ai associé les valeurs morales du judo à celles de l’église : respect de l’autre, salut obligatoire avant et après le combat, tendre la main à son adversaire vaincu pour l’aider à se relever, accepter le combat avec plus fort que soi, se réjouir des succès de son vainqueur, etc…
Ces valeurs ne s’appliquent pas que sur les tatamis elles inondent leurs vies et ces valeurs sont aussi des valeurs chrétiennes qui prennent aussi tout leur sens dans cette église.
Bon courage à mes successeurs et maintenant … vous connaissez le chemin !
Amaury Salliou