L’Avent : vivre la triple attente du Seigneur

« Le Seigneur vient : tenons-nous prêts, dans la foi, l’espérance et la joie. »
Le temps de l’Avent ouvre une nouvelle année liturgique. C’est un temps d’attente et d’espérance, mais aussi un temps de veille et de conversion. Nous nous préparons à accueillir le Christ qui vient – non pas une seule fois, mais selon une triple attente : la venue historique de Jésus à Bethléem, sa venue actuelle dans nos vies et notre monde, et sa venue glorieuse à la fin des temps. Ces trois dimensions nous aident à vivre un Avent complet : tournés vers hier, enracinés dans nos quotidiens, orientés vers le retour du Christ dans la gloire. Les Evangiles de l’année A nous guident dans ce chemin d’espérance et de foi.
1. Se souvenir de la venue historique : Dieu s’est fait l’un de nous
“Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel
(c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)” (Isaïe 7, 14)
L’Avent nous tourne d’abord vers Bethléem, lieu où Dieu a choisi de venir habiter parmi nous. Là, dans la pauvreté d’une crèche, le Fils de Dieu s’est vraiment fait homme, partageant notre humanité dans toute sa réalité. En Jésus, Dieu a connu nos joies et nos peines, nos espoirs et nos blessures. Il n’est pas venu dominer, mais servir et aimer jusqu’au bout.
Le récit de Joseph nous apprend à accueillir Dieu dans l’imprévisible. Le plan de Dieu bouleverse souvent nos habitudes, nos certitudes et nos projets. Comme Joseph, nous sommes invités à faire confiance, à écouter dans le silence, à discerner la présence du Seigneur au cœur même de nos incertitudes, même lorsque nous nous sentons “paumés”.
Cette première attente est une mémoire vivante : elle ne se limite pas à se souvenir d’un événement passé, mais à reconnaître dans l’Incarnation une promesse toujours actuelle. Chaque Noël devient une nouvelle naissance du Christ dans nos vies, dans nos familles, dans notre monde. Accueillir la venue historique de Jésus, c’est rappeler que Dieu est très proche de notre humanité : il la prend sur lui, il l’habite, il la sauve.
2. Reconnaître la venue actuelle : Dieu présent aujourd’hui
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » (Mt 3, 3)
Jean le Baptiste, au désert, élève la voix. Son cri traverse les siècles : convertissez-vous ! Se convertir, ce n’est pas d’abord changer des comportements, mais déjà ouvrir la porte du cœur. C’est accueillir Jésus dans tous les recoins de notre vie, dans nos fragilités et nos zones d’ombre.
L’Avent est ce temps de préparation intérieure, où Dieu nous invite à rendre nos vies disponibles à sa présence. Nous sommes appelés à débarrasser nos cœurs de ce qui les encombre et qui pourrait les ternir : la peur, l’indifférence, le rejet, le repli sur soi.
« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » (Mt 11, 5) Cette réponse de Jésus à Jean le Baptiste nous montre comment reconnaître la venue actuelle du Seigneur. Dieu se manifeste aujourd’hui là où la vie reprend, où la paix renaît, où la justice se réalise. Chaque geste de bonté, chaque pardon, chaque parole qui relève est un signe du Royaume qui grandit déjà parmi nous.
L’attente chrétienne n’est donc pas passive : elle se déploie à travers nos engagements, c’est une espérance active. Dieu vient, mais il vient par nos mains ouvertes et nos cœurs disponibles.
3. Espérer la venue glorieuse : veiller dans la foi et l’espérance
« Tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mt 24, 44)
L’Avent se caractérise aussi par un regard tourné vers l’avenir : le Christ qui reviendra dans la gloire. C’est la grande espérance de l’Église : le jour où Dieu sera « tout en tous ». Cette perspective ne doit pas susciter en nous la peur, mais au contraire la confiance : le monde, malgré ses blessures, est promis à la lumière !
Le Christ Jésus reviendra, non pour juger selon une comptabilité ou avec un désir de punition, mais pour accomplir l’amour. Cette attente finale donne sens à notre vie présente : chaque choix, chaque acte de charité, chaque prière prépare déjà le Royaume à venir.
Veiller, c’est vivre éveillés à Dieu, attentifs à sa présence discrète. C’est refuser le sommeil de l’indifférence, lutter contre le découragement, pour demeurer dans la lumière de la foi. La vigilance de l’Avent est celle de l’amour : attentive, persévérante, confidante. Ainsi, nous pouvons reprendre ce célèbre refrain :
🎵 « Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce,
Fais paraître ton jour : que l’homme soit sauvé ! »
Cheminer vers Noël
L’Avent est donc bien un chemin à trois temps : Se souvenir du Christ venu hier, le reconnaître aujourd’hui dans la foi, et l’espérer demain dans la gloire. Ce triple mouvement fait grandir en nous les vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. En accueillant Jésus le Sauveur, notre cœur devient crèche vivante, un lieu où Dieu peut encore venir naître et demeurer.
« Viens, Seigneur Jésus ! Éveille en nous l’espérance, la confiance et la joie de ton Royaume. » (Ap 22, 20)
Emmanuel Briand, Diacre permanent.