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« Les paysans du Niger face aux défis de la Paix et du Vivre ensemble »

Thème retenu pour une visio-conférence pendant le séjour en Bretagne (en mars 2022) de Ali Badara Mamadou Niandou, représentant l’association nigérienne Mooriben qui est partenaire du CCFD-Terre solidaire. Mooriben est une fédération de 25 unions de groupements de paysans, créée il y a 30 ans (62600 membres aujourd’hui). Elle travaille au soutien de l’agriculture familiale et du tissu économique  rural, à la promotion de l’agroécologie, au renforcement des capacités organisationnelle des paysans, à la formation et à l’accompagnement des jeunes et des femmes … Le nom Mooriben signifie « la misère est finie ».

 Vivre ensemble ! Ali nous explique que les activités de Mooriben visent aussi des catégories de populations fragiles. « Mooriben récupère des terres dégradées dans les villages, en accord avec les responsables fonciers. Ces petits lopins peuvent être répartis à des jeunes ; ça leur fait un moyen de production pour démarrer et s’intégrer dans le tissu économique et social… ». « Les jeunes ont du mal à prendre la parole face aux aînés, et très peu sont en responsabilité ; mais par les formations, on arrive à avoir des jeunes qui deviennent paysans relais, et même animateurs… »

 « Les lopins de terre peuvent aussi être confiés à des femmes pour du maraîchage. Elles n’ont pas accès au foncier des cultures pluviales, mais quand les hommes partent après les récoltes dans les pays côtiers voisins pour trouver quelques revenus, elles restent. Elles trouvent un peu d’autonomie financière, en vendant au marché leur maraîchage. Mooriben favorise aussi leur accès à des petits équipements pour la transformation… Elles sont encouragées à la prise de parole et aux responsabilités. Maintenant, on les voit émerger dans les formations, les assemblées générales et les conseils d’administration des groupements » .

 « Dans un contexte de tensions en milieu rural, l’action de Mooriben c’est de créer des cadres de dialogue pour aider les gens à travailler ensemble :

  • favoriser les accords juridiques locaux, c’est à dire qu’on demande aux acteurs de s’asseoir pour discuter et proposer eux-mêmes des accords ; par ex : si l’eau d’une mare sert à tous( éleveurs, agriculteurs, fabricants de briques…) il faut trouver des règles d’usage…
  • depuis 1990, il y a des commissions foncières dans les villages, basées sur le bénévolat. Mooriben renforce ce cadre de dialogue et il y a du résultat, moins de conflits. Aujourd’hui il n’y a plus de massacres entres cultivateurs et éleveurs »

Paix ! « On ne maîtrise pas tout ; il y a des limites ! Le dialogue reste plus difficile avec les jeunes transhumants : les éleveurs confient leurs troupeaux à des bergers, souvent de jeunes Peuls, qui font des kms pour trouver le pâturage, au-delà des frontières parfois, avec des taxes et des tracasseries… Au retour ils n’ont rien gagné… Ce sont eux que le djihadisme va recruter. Ils troquent le bâton contre la kalachnikov. Ils n’ont jamais fait l’école. Les jeunes non éduqués sont une bombe à retardement. Il y a des zones où la terreur s’est développée, avec des gens qui fuient …»

«  Il y a des sources de grandes frustrations pour les nigériens: le pays a de nombreuses ressources (comme l’uranium, l’or, le fer …) mais il n’y a pas de résultats pour la population. L’argent va dans la poche des politiques. Il y a un sentiment d’abandon du gouvernement sur ses responsabilités (routes , écoles , santé). Ce sont des causes politiques qui conduisent à des drames, par exemple le blocage du convoi militaire français fin 2021 ».

« Notre pays est aussi traversé par des migrants en transit vers la Lybie, ou le Mali. Ils veulent venir en Europe. Mais maintenant des accords avec l’union européenne les bloquent dans des camps. Il y a des milliers de gens en attente. Des villes sont saturées. C’est critique ».

Bruno, chargé de mission Afrique pour le CCFD-Terre Solidaire, avait ouvert la visio en présentant les axes de la stratégie partenariale :

  • souveraineté alimentaire
  • citoyenneté active et démocratie ,
  • vivre ensemble pour une paix durable .

Il concluait en confirmant : oui, tout ce travail sur le dialogue produit la paix, et ça se voit.

Mais les frustrations créent des sentiments d’injustice, qui créent de la colère, qui conduit à la haine : il faut éviter d’en arriver là… Le CCFD-Terre solidaire doit agir aussi vis à vis des politiques.

A partir des notes de Jean-Yves GUILLAUME et Annie LE MERCIER.

 

Voir aussi l’article Ali, représentant de MOORIBEN

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